dimanche 31 décembre 2017

Bilan 2017

Bilan 2017 257 projets divers et variés

Histoires longues 6
Nouvelles, poèmes et contes 189
Histoires dont vous êtes le héros 2
Textes divers (faisant partie de séries de textes) 60

samedi 30 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Reprise d'études

  Ce jour-là, dans une librairie bondée, la jeune sorcière farfouille dans le rayon ésotérisme à la recherche d'un ouvrage intéressant. Un livre sur la lithothérapie attire son attention ainsi qu'un livre qui traite de la sorcellerie et de la magie en général d'un point de vue anthropologique. Elle hésite mais elle se dit que ce livre passera dans sa bibliothèque d'autant plus qu'elle possède déjà plusieurs ouvrages de cette collection offerts il y a quelques années. Elle espère qu'il passera inaperçu au milieu des livres qu'elle possède déjà. Elle le feuillette rapidement et si elle retrouve beaucoup de notions connues, elle trouve des choses intéressantes et elle le glisse dans son sac.

  Elana farfouille dans les rayons à la recherche d'un livre sur la phythothérapie qui soit plutôt complet en ce qui concerne notamment les traditions populaires mais elle ne trouve rien qui lui convienne. Elle prend un roman qui parle d'un explorateur du XIXème siècle avant de se diriger vers la caisse pour payer ses articles. Prise d'un doute, elle retourne dans les rayons qui l'intéressent et elle les balaie du regard à la recherche d'un ouvrage intéressant mais aucun ouvrage ne retient son attention et elle fait demi-tour. Lorsqu'elle arrive devant l'hôte de caisse, la jeune fille se sent intimidée mais l'homme ne semble pas intrigué par ses centres d'intérêt. Elle se dit qu'il doit voir passer tellement d'ouvrages qu'il finit par ne plus y prêter attention.

  L'adolescente rentre chez elle après avoir fait un tour dans la rue commerçante. Elle s'achète une fine écharpe brodée et une viennoiserie avant de se diriger vers l'arrêt de bus. De retour dans sa demeure, elle se dépêche de rejoindre sa chambre et de cacher ses livres dans sa cachette habituelle. Une demie-heure plus tard, ses parents rentrent du travail et elle leur raconte sa journée d'emplettes. Impatiente, les heures semblent s'étirer et ce n'est que tard le soir lorsque tout le monde est couché qu'Elana peut enfin ouvrir le livre qu'elle vient d'acheter. Elle le lit jusqu'à l'aube et elle s'endort, épuisée.

  Elle se réveille le lendemain matin lorsque sa mère vient toquer à sa porte.
- Elana, tu es réveillée ?
Elle s'étire et elle sent un objet dur sous son oreiller. Confuse, la sorcière se rend compte qu'elle a dormi sur un livre que ses parents ne doivent pas trouver. Elle court vite le cacher, inquiète de son imprudence, avant de commencer à se préparer.

  La journée se passe lentement et elle bout d'impatience à l'idée d'avoir un moment de calme pour feuilleter ses livres mais ce moment ne vient pas. Ce n'est que le soir à l'issue d'une journée de promenades et de jeux de société qu'elle peut enfin achever de feuilleter son livre à loisir. Elana sent confusément que la situation actuelle n'est pas tenable. Elle ne pourra pas cacher indéfininiment ses croyances et ses pratiques à ses parents et à son entourage. D'ailleurs ses amies n'ont pas mis bien longtemps à découvrir son secret. De plus si ses parents sont plutôt ouverts en ce qui concerne ses croyances, elle n'est pas certaine que des croyances issues d'aucune tradition écrite mais prises un peu partout leur semble acceptable malgré leur grande tolérance. Elle se dit qu'à l'avenir, elle devra se montrer plus prudente si elle souhaite cacher ses croyances. Plus que jamais, l'adolescente regrette l'absence de sa grand-mère. Elle l'aurait comprise, soutenue et elles auraient trouvé les mots à elles deux pour faire comprendre aux autres ce qu'elles sont.

  En attendant, Elana cache soigneusement les ouvrages avec ses objets magiques. Sa baguette en main, l'adolescente soupire avant de la ranger.

lundi 25 décembre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain Maudit musicien

  Il était une fois, un jeune musicien qui aimait à jouer de la flûte dans les lieux abandonnés et oubliés des hommes. Enroulé dans son épaisse cape rouge brique, le mince jeune homme aux courts cheveux noirs en bataille foulait de ses hautes bottes de cuir des terrains délaissés par tous. Un soir, alors qu'il passait en jouant un air funèbre près d'un cimetière, il se mit en tête de créer une mélodie qui réveillerait les morts. Ainsi son nom ne tomberait pas dans l'oubli et il serait célèbre. Il deviendrait riche et les gens cesseraient de l'ignorer, il aurait un cercle d'amis fidèles et la plus jeune fille du meunier qu'il aimait en secret cesserait de l'ignorer lorsqu'il tenterait de lui adresser la parole. Le flûtiste joua dans le secret de son modeste logis où le froid pénétrait par les planches disjointes, divers morceaux. Ces messes des morts et ces danses macabres des plus grands compositeurs, mêlés à des airs populaires chantés lors des funérailles furent soigneusement étudiés  pour en déceler les similitudes. Avec soin, le jeune homme notait les rythmes, les répétitions, le tempo et les notes les plus utilisés. Jour et nuit, les airs dansaient dans sa tête et ces macabres berceuses l'accompagnaient dans le sommeil. Le musicien s'endormait chaque soir avec l'espoir de trouver au bout de sa route, la renommée qu'il méritait.

  Un froid matin pluvieux, le jeune homme s'emmittoufla dans sa robe de chambre avant de se pencher à sa table de travail pour poser des notes sur du papier à musique. Les doigts sur son piano, il pianotait rapidement les suites de notes qu'il venait de tracer pour les corriger ; la musique semblait voler dans la pièce sous ses doigts menus et l'envelopper. Au bout d'une demie-heure, il courut acheter du pain et du fromage puis il se remit bien vite à sa table de travail. Sa plume crissait sur le papier et dans sa hâte, quelques taches d'encre maculèrent sa robe de chambre et ses doigts mais il les ignora.

  Des heures durant, il travailla sur sa partition et au matin, il était certain d'être arrivé au bout de son œuvre. Mais épuisé, il s'endormit tout habillé sans avoir pu jouer sa création en intégralité pour se faire une idée de son travail et noter les passages à corriger. Lorsqu'il s'éveilla le soir venu, le compositeur d'une nuit réalisa que c'était le soir d'Halloween, nuit idéale pour jouer pour la première fois un tel morceau. Il prit sa flûte, sa partition, son chapeau, d'épais gants de peau de mouton et sa cape de laine puis il s'enfonça dans la nuit, déterminé à trouver un endroit tranquille pour jouer son œuvre. Il craignait trop les quolibets qui accompagnaient habituellement sa musique pour se risquer à être entendu de quiconque. La solitude et les étoiles seraient son meilleur public pour sa première.

  Seul face à la lande, il se remémora sa partition au clair de la lune qui était pleine en faisant jouer ses doigts sur sa flûte tout en fredonnant sa mélodie pour fixer le morceau dans sa mémoire. Puis,  il commença à jouer. Sa musique cristalline monta dans l'air glacé du soir et ses mains gourdes peinaient à se mouvoir mais il tint bon durant de longues minutes. Sa plainte déchirante mais vibrante d'espoir semblait inviter les âmes passées dans l'au-delà à rejoindre le monde des vivants pour une dernière danse endiablée. 

  Et les âmes des trépassés répondirent à son appel. Elles descendaient en masse des alentours et elles commençaient à se rassembler en plusieurs rondes qui se mirent en mouvement autour du musicien. Absorbé par la musique, le jeune homme ne vit rien. Il ne vit pas les âmes voiler l'éclat de la lune de manière imperceptible et il ne se rendit pas compte du silence qui régnait alentour. Les yeux rivés sur sa partition, il luttait à chaque note pour mouvoir ses mains transies de froid. Il sentait confusément que la moindre fausse note briserait à jamais la magie de son morceau et de ce moment. Le temps passa, sembla s'étirer mais le musicien n'aurait su dire si quelques minutes ou quelques heures avaient passé. Enfin, lorsqu'un un nuage dévoila la lune qui illumina la lande, il jouait ses dernières notes. Il relâcha son attention, ravi de sa création si fluide, triste mais en même temps, pleine de vie et d'espoir, et il se rendit compte avec horreur que les morts l'entouraient. Paniqué, il cessa de jouer juste avant d'entamer la dernière mesure et les morts se rapprochèrent de lui.
- Et bien, finis ton morceau que nous achevions notre danse !
- Musicien, joue tes dernières notes pour nous permettre de fêter ce jour particulier.
- Nous te remercions de ta générosité mais ne t'arrête pas en chemin, je t'en prie.
Les mots se croisaient et il ne comprenait rien à ce brouhaha. Apeuré, le jeune homme lâcha sa flûte qui chut dans l'herbe, il voulut fuir le nuage mouvant de fantômes qui approchait de lui. Dans sa précipitation, il marcha sur sa flûte qui se brisa avec un craquement sinistre sous son poids, il perdit l'équilibre et il se fracassa le crâne contre une pierre. Le lendemain, on trouva son corps près de sa flûte brisée et ses partitions s'étaient dispersées dans l'herbe. La pluie avait lavé l'encre et personne ne sut jamais quelle création il était allé terminer seul dans la lande.

  Depuis, chaque nuit d'Halloween, le joueur de flûte joue sa partition et d'autres airs qu'il connaît bien pour faire danser les défunts jusqu'au bout de la nuit dans une danse endiablée sur la lande. Mais jamais, il ne parvient à jouer les dernières notes de son chef d'oeuvre. Une malédiction semble l'en empêcher. Il tente en vain de jouer l'ultime mesure de son morceau mais son corps ne lui obéit plus et les larmes aux yeux, il ne peut que voir ses doigts achever le morceau une fois de plus sans que son souffle ne traverse l'instrument pour porter sa musique dans la nuit.

samedi 23 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Nouvelle année


Dans sa chambre en désordre, après avoir fait un dernier tour sur elle-même pour vérifier qu'elle n'a rien oublié, Elana termine son sac alors qu'on sonne à la porte. Ses amies sont passées la chercher pour fêter halloween. Un peu nerveuse, elle dit au revoir à ses parents et elle monte dans la voiture qui les emmènent chez Maureen dont les parents ont accepté de les accueillir pour la nuit.



Le repas composé de soupe au potiron en sachet, de tartes aux pommes de supermarché et beaucoup de bonbons est rapidement avalé dans la cuisine au milieu d'éclats de rire et de discussions d'adolescentes à l'abri du regard des adultes. Puis les amies vont se préparer pour sortir. Elles pouffent dans la salle de bain trop étroite où elles s'entassent ; le reflet dans le miroir leur renvoie une image qu'elles immortalisent en prenant des photographies. Elles ont décidé de se déguiser en vampire et le groupe vêtu entièrement de noir et enveloppé dans des capes du même coloris improvisées dans du tissu acheté au rabais à la mercerie du coin se blanchit le visage avec application. Du rouge à lèvres rouge, des gants et des bonnets noirs achèvent leur tenue.



Un peu plus tard, dans le bus, les jeunes filles discutent des derniers potins du lycée et des devoirs à rendre à la rentrée. Les paquets de bonbons glissés dans les sacs circulent entre les amies et elles en offrent aux rares personnes, déguisées tout comme elles, qui ont pris le même bus.



Arrivées au centre-ville, elles marchent dans les rues en riant sous la pleine lune qui se lève. Elles font mine d'effrayer quelques passants de leurs cris et elles admirent les costumes qu'elles croisent dans la rue. Après une longue marche dans les rues qui commencent à se vider, elles finissent la soirée dans un bar. Elles se fondent dans la foule des personnes déguisées et elles s'installent dans un coin tranquille. L'atmosphère chaleureuse du pub lambrissé de bois sombre leur donne l'impression d'être dans un lieu hors du temps lors de cette nuit hors du temps. Après deux heures à discuter autour d'un verre, les jeunes filles se décident à affronter le froid pour prendre le bus. L'attente pour prendre le bus est longue. L'excitation retombée, les amies sentent le froid de ce mois d'octobre qui passe sous leurs costumes, elles tapent du pied dans l'espoir de se réchauffer en attendant leur carrosse d'un soir. Un garçon de leur âge qui fume une cigarette non loin d'elles les observe attentivement avant de leur demander en quoi elles sont déguisées. Lorsqu'elles lui répondent qu'elles se sont déguisées en vampire, il leur répond avec un sourire amusé que les vampires ont des crocs et qu'ils semblent effrayants d'habitude. Alors qu'elles sont plus mignonnes et élégantes qu'effrayantes. Il leur sourit avant d'écraser sa cigarette et de leur souhaiter une bonne soirée puis de monter dans son bus. Les jeunes filles se regardent avant d'éclater de rire. Puis elles courent pour rejoindre leur bus qui vient d'arriver à l'arrêt. Quelques instants plus tard, installées dans le fond du véhicule, elles font circuler leur dernier paquet de bonbons en évoquant la soirée.



Le groupe se précipite dans la maison pour se réchauffer les mains sur les radiateurs. Aussitôt la porte refermée, Elana prépare de la tisane pour achever de réchauffer ses amies qui ont collé leurs mains aux radiateurs. Leur tisane avalée, enfin réchauffées, elles rejoignent la salle de bain pour se démaquiller. Ses amies endormies, Elana se relève et elle prend discrètement son sac. Sur le rebord de la fenêtre ouverte de la salle de bain, elle allume une bougie chauffe-plat qu'elle a discrètement récupérée dans sa chambre alors que ses amies se préparaient. Elle a une pensée pour les âmes qui errent en ce jour particulier et pour les disparus puis elle souffle sa bougie et elle retourne se coucher, transie de froid,. Elle se recroqueville dans son sac de couchage pour se réchauffer et elle imagine le voile entre les mondes qui s'amincit. Dans ses rêves, les âmes des défunts dansent aux alentours et vont visiter les vivants.



Pour la jeune sorcière, une nouvelle année commence...

mercredi 20 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Cueillette improvisée

Dans un bois, Elana se promène par une matinée ensoleillée d'octobre. Elle feuillette son grimoire de poche et elle tente d'identifier des plantes intéressantes. Elle ignore totalement ce qu'elle va en faire mais qu'importe. Elle se demande s'il serait judicieux de faire un herbier des principales plantes alors même qu'elle tente d'apprendre à reconnaître les plantes et les fleurs. Son livre de reconnaissance des plantes en main, l'adolescente essaie d'identifier les plantes courantes. Même si à son grand regret, les plantes les plus courantes ne sont pas mentionnées car elles n'ont sans doute qu'un intérêt limité. Le pouvoir des plantes devait être lié à leur rareté.

Dans le sous-bois, elle hésite. Bientôt, glands, pétales d'églantine, pissenlit et feuilles de houx emplissent ses poches. Elle profite de ce moment de communion avec la nature pour s'imprégner du calme environnant. De retour chez elle, elle met à sécher dans un lieu à l'abri des regards ses trouvailles et elle met de côté une boîte où ranger ses ingrédients. Elle n'est pas certaine de la meilleure façon d'utiliser les plantes pour ses sortilèges mais elle se dit qu'elle verra bien le moment venu.

Quelques jours plus tard, la sorcière récupère ses plantes séchées qu'elle range dans des petits pots. A sa grande surprise, elle se rend compte que les glands ont germé, elle se sent sotte de ne pas y avoir songé. Vite, elle s'habille pour retourner dans le bois afin de les remettre là où elle les a pris.

Elle leur murmure des mots d'excuse avant de rentrer chez elle, tout sourire à l'idée que dans quelques années, ces glands devenus arbres lui fourniront les glands qui lui apporteront fortune et richesse.

Un peu plus loin, Elana trouve quelques champignons et elle feuillette longuement son carnet pour retrouver les propriétés des champignons qu'elle vient de trouver. Rien ne l'intéresse et elle reste assise quelques minutes dans les feuilles mortes à écouter le champ des oiseaux et les bruits de la forêt. Puis elle retourne chez elle pour être sûre d'être rentrée avant le retour de ses parents.

mercredi 13 décembre 2017

Gaffe aux gaffes Siffler en travaillant

 Neuf heures et demie sonnent dans les couloirs de la rédaction et chacun s'active dans les bureaux. Fantasion met ses gants et son chapeau, il prend sa serviette sous le bras avant de vérifier qu'il n'a rien oublié, il est pressé mais ce qu'il voit dans le couloir le force à s'arrêter. Il grommelle contre ce temps perdu mais il se contient et c'est d'un ton aimable qu'il pousse la porte du bureau de son collègue.
- Bonjour Gaston, je suis ravi de vous voir si tôt au travail ce matin. Dites-moi, le courrier en retard déborde dans le couloir, il est temps que vous fassiez quelque chose ! Bon, je file, je dois prendre mon avion pour la Palombie avec Spirou dans moins d'une heure, je suis affreusement en retard. dit-il en regardant sa montre.
Fantasio sort en claquant la porte et il reprend sa course dans les couloirs puis les escaliers. Lorsqu'il s'assied dans le taxi qui l'attend dans la rue, il se félicite de s'être montré ferme avec son subordonné et d'avoir réussi à ne pas s'énerver. L'émission que le chauffeur de taxi écoute lui indique qu'il est bientôt neuf heure quarante, ce qui signifie qu'il n'est pas encore en retard, ses bagages sont dans le coffre du taxi, tout va bien, il peut partir serein. Satisfait, Fantasio ouvre un journal tandis que la voiture démarre.
  Au son de la voix de Fantasio, Gaston a relevé la tête puis il est sorti dans le couloir pour voir ce qui se passe. Il n'a vu que le dos de son supérieur qui s'éloignait au pas de course vers l'ascenceur en faisant au passage vaciller une plante verte.
- Ah oui, c'est vrai, il part en reportage en Palombie. Il a bien de la chance de tant voyager ! Il m'a parlé de courrier qui colonise le couloir, il exagère un peu quand même. Je reconnais que quelques enveloppes sont passées sous la porte, mais il n'y a rien de bien méchant.
Toutefois, lorsqu'il inspecte le courrier qui jonche le couloir et qu'il voit ses collègues prendre leur élan pour sauter par-dessus, il se dit que le courrier en retard devient problématique ; quelqu'un pourrait glisser dessus et se blesser. Les poings sur les hanches, il observe la pièce encombrée et il retrousse ses manches.
- Il a raison, il est temps que je traite le courrier en retard !
Armé d'un balai, il fait rentrer les enveloppes dans la pièce et il referme la porte. Il est certain de ne pas être dérangé durant ses heures de travail.
  Gaston ouvre la première enveloppe et il sort le courrier qu'il roule rapidement en boule avant de le jeter dans la poubelle.
- Panier ! hurle-t'il de joie.
A son cri, Prunelle entre dans la pièce en demandant ce qui se passe. Il voit Gaston ouvrir quelques enveloppes pour traiter le courrier en retard. Surpris, il referme doucement la porte pour ne pas ruiner cette initiative inattendue. Un sourire satisfait aux lèvres, il annonce à Lebrac qu'il croise à la photocopieuse que ça y est Gaston a compris la valeur du travail, il classe enfin le courrier en retard ! Ses années de sermons ont porté leurs fruits et il va enfin mériter son salaire ; d'ailleurs, il se demande pourquoi on continue à le lui verser depuis toutes ces années. Lebrac lui répond qu'il est heureux de l'apprendre mais qu'il n'a pas le temps, il a une planche à finir. Le dessinateur file s'enfermer dans son atelier, visiblement pressé de finir son travail.
  Un peu plus tard, Gaston a confectionné une énorme boule de papier grâce à quelques courriers et à beaucoup de scotch. Il réfléchit et il place deux chaises dans le fond de la pièce. Puis balle au pied, il court pour marquer un but.
- But ! hurle-t'il les bras en l'air.
Vingt minutes plus tard, fatigué de ce jeu, il jette son ballon improvisé dans l'immense sac poubelle qui traîne dans un coin de la pièce.
- Bien, maintenant, voyons ce qu'il me reste à trier. En fait, c'est amusant de travailler ! Il suffit juste d'avoir un peu d'imagination et d'esprit d'initiative. Le temps passe aussi vite que lorsque je travaille d'ordinaire. D'ailleurs, ça me fait penser que j'ai toujours mon missile transrue pour distribuer le courrier à finaliser...

  Quelques minutes plus tard, après une pause qu'il estime bien méritée, Gaston teste un nouveau système de rangement : il plie minutieusement les courriers à classer en accordéon qu'il maintient fermés avec un élastique. Fixés au fond du placard par des punaises, les courriers repliés ainsi rangés côte à côte et maintenus par un élastique permettent de ranger debout de nombreuses feuilles de papier. Lebrac qui passait par là, fait remarquer à son collègue que mettre les feuilles à plat les unes sur les autres prend moins de place et de temps que ses pliages. Et il lui rappelle que le fond du placard a une surface limitée. Gaston réfléchit, il ronchonne que son génie est incompris avant de s'armer d'un fer à repasser pour rendre aux courriers leur aspect originel. Ce faisant, il brûle quelques courriers mais il estime que les marques de brûlures n'entravent en rien la lecture des missives que personne ne lit jamais. Le bureau de métal chauffe sous l'effet de la chaleur qui se dégage du fer mais Gaston prend garde de ne pas se brûler. Il regrette de ne pas avoir le temps de tester ce nouveau système pour réchauffer de la nourriture comme des tranches de jambon ou des crêpes.
  Puis, armé d'un tube de colle et d'une paire de ciseaux, Gaston commence à confectionner des avions en papier qu'il échange avec Jules-de-chez-Smith-en-face qui l'attend en bas dans le jardin. Un fil doté d'un hameçon pendu à la fenêtre lui permet de remonter les avions en papier dans le bureau. Durant une heure, les deux hommes  s'échangent des avions en papier de plus en plus sophistiqués dans leur aérodynamie. Gaston a sélectionné tout spécialement les réponses à des jeux concours terminés depuis belle lurette et autres courriers qui ne présentent aucune utilité désormais. Il estime que conserver ces vieux bulletins de participation représente une perte de temps et de place, qui irait s'en préoccuper ?
- Hé, Gaston. J'ai une réunion, je dois y aller ! Amuse-toi bien à trier ton courrier. Tu veux bien que je garde tes feuilles pour mon poêle chez moi ? lui crie Jules-de-chez-Smith-en-face, les mains en porte-voix.
Gaston accepte et son ami rejoint son entreprise.
- Bon, le tas a bien diminué ! J'ai bien travaillé. Comment vais-je donc pouvoir traiter le courrier en retard maintenant ?
Prunelle entre dans le bureau sur ces entrefaites et il apostrophe Gaston.
- Dites-moi Gaston, je m'étonne de ne pas voir les dossiers des archives grossir du courrier que vous avez trié. Je vois bien que le tas de courrier qui encombre votre bureau a nettement diminué mais qu'en avez-vous donc fait ? Et vous n'oublierez pas de mettre de côté les courriers qui méritent réponse pour les donner aux personnes concernées. Et cela concerne même les vieux courriers que votre incompétence a laissé traîner depuis des mois. 
- Non, non. ne t'inquiète pas... Je maîtrise la situation. lui répond Gaston, les mains dans les poches.
- J'espère bien. dit-il avant de sortir en claquant la porte.
Une fois seul, l'employé au courrier se demande s'il n'aurait pas fait disparaître quelques courriers importants. Mais il hausse les épaules en disant que si c'était important, les expéditeurs auraient téléphoné depuis le temps. Et ce n'est pas six mois après qu'on s'inquiète de savoir si un courrier est reçu ou non. Néanmoins, il reconnaît qu'il doit faire plus attention à garder les courriers importants.
  Un quart d'heure plus tard, Gaston secoue la tête.
- Non, les cocottes en papier, c'est bien, ça s'empile mais d'une part, ça ne tient pas trop en équilibre et d'autre part, ça prend de la place. Je dois trouver autre chose.
Il lisse soigneusement les feuilles avant de les repasser sur son bureau qui lui sert de planche à repasser improvisée. Pris d'une inspiration, il réfléchit et il tente de confectionner des fleurs et des feuilles en origami. Ainsi compactées, les lettres prennent peu de place et il les range soigneusement dans une boîte.
- Mais où sont donc les promotions de notre fournisseur de papier ? demande monsieur Boulier en cherchant partout dans les placards et les armoires des archives. Je dois faire une commande urgente et je ne retrouve pas le catalogue.
D'un pas vif, il se rend dans le bureau de son collègue pour lui poser la question.
-  Vous savez bien Gaston, il s'agit d'une feuille qui regroupe les promotions du moment, je suis sûr d'y avoir vu une offre pour des achats en gros de papier à dessin.
- C'est ça que vous cherchez ? demande Gaston en lui présentant une grenouille verte.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? hurle le comptable, le visage écarlate. Et où est ce catalogue ?
- Dans ma main, regardez ! Vous le dépliez comme ça et miracle, la feuille apparaît.
Monsieur Boulier regarde Gaston qui semble si fier de lui et il jette un regard autour de lui, dépité. Des amoncellements de grues, cygnes et autres oiseaux en papier l'entourent. Des grenouilles et des nénuphars s'entassent sur les étagères après de papillons et de libellules de papier.
- Je crois que je vais rentrer chez moi, je ne me sens pas très bien. dit le comptable en quittant la pièce, son catalogue à la main.
- Qu'il est fragile ! se dit Gaston. Allez, je vais aller me chercher un café, ça me fera du bien.
  A la cafeteria, il allume la cafetière puis il verse le breuvage brûlant dans une grande carafe pour ne pas se retrouver à court. Lorsqu'il entre dans le bureau, il trébuche sur une enveloppe et le liquide noir se répand sur une partie du courrier.
- Zut alors !
Il éponge rapidement le breuvage avec son écharpe puis il descend se faire de nouveau un café. Gaston examine les enveloppes trempées de café et il ne voit pas d'autre solution que de les laver. Dans une bassine trouvée dans le local de ménage, il met de l'eau dans laquelle il trempe les courriers un à un. L'encre des courriers écrits au stylo à encre bave un peu  mais il estime qu'ils restent lisibles. Puis il met les feuilles à sécher sur un fil.
  Trois semaines plus tard, Fantasio rentre en trombe dans la rédaction, ses clichés de marsupilami sauvages à la main. Lorsqu'il passe devant le bureau de Gaston, il glisse malencontreusement sur une enveloppe.
- Gaston, il me semblait vous avoir dit de trier le courrier en retard.
- M'enfin, tu ne sais pas ce que tu veux à la fin ! J'ai trié ton courrier. Ce n'est pas de ma faute si depuis du courrier est arrivé ; c'est le courrier arrivé depuis ton départ. Tu sais entre le concours de noël pour gagner un an d'abonnement à Spirou magazine et le concours spécial pour le reportage photo du marsupilami dont le premier prix est une photographie dédicacée d'un marsupilami sauvage, les courriers ont afflué depuis trois semaines. J'ai pris du retard dans mon travail, moi ! Tiens, regarde, je suis en train de fabriquer un marteau à fixer au mur pour planter des clous. Il servira à accrocher les tableaux.
Fantasio soupire, il frôle le malaise et il décrète qu'il doit aller prendre l'air. Gaston le regarde s'éloigner et il se remet à son travail.

(Bien évidemment, les personnages et l'univers appartiennent à Franquin)

mercredi 6 décembre 2017

Nanowrimo Novembre 2017 Bilan

Objectif 50 000 mots, j'ai passé ce cap le 29 novembre avec un jour d'avance.
Total 50 462 mots
Validation: 29 novembre
Objectifs: atteints
Ecarts: un jour à 0 car je n'étais pas là (on va dire que ça ne compte pas trop); le minimum: 646 mots dans la journée; le maximum est à 3 644 mots dans la journée.
Défis annexes: un défi coiffure que je termine laborieusement ces jours-ci.


Bilan: beaucoup de fatigue, des récits tous bien entamés sur lesquels il n'est pas facile d'avancer rapidement mais ils ont bien avancé, je suis contente.