lundi 16 octobre 2017

Contes d'halloween et de samhain On m'appelle Jack O' Lantern

  Je m'appelle Jack et voici mon histoire mais ce n'est pas celle que l'on raconte. Un soir, alors que je me réchauffais dans une taverne, j'ai entendu une voix murmurer mon nom à mon oreille. De peur, je me suis levé précipitamment et j'ai écrasé le pied du Diable qui buvait sa bière accoudé au bar. Je l'ai immédiatement reconnu à la queue qui dépassait de la jambe de pantalon dans lequel il l'avait passée. L'esprit embrumé par la bière, je me suis excusé et il m'a alors fait une proposition. En échange de mon âme, il pouvait m'offrir tout ce dont je rêvais. Intrigué, j'ai accepté et c'est devant une nouvelle bière qu'il m'a fait sa proposition. La fatigue et l'alcool embrumaient mon esprit mais j'ai compris l'essentiel du marché qu'il me proposait : mon âme contre la faveur de mon choix. Stupidement, j'ai accepté en échange d'un ultime verre. Le diable s'est changé en pièce de six pence devant moi et soudain dégrisé, j'ai fait la seule chose à faire : j'ai pris la pièce et je l'ai enfermée dans ma bourse avec ma croix en argent, le seul bien qui me restait, la croix en argent reçue à mon baptême que je comptais monnayer sous peu. Prisonnier, le Diable ne pouvait plus quitter ma bourse et j'obtins qu'il ne réclame pas mon âme avant dix ans ce qu'il accepta. J'avais l'intention de racheter mes péchés durant cette décennie, voyez-vous. Mais je n'y parvins pas. C'est ainsi que dix ans plus tard, j'ai recroisé le Diable sur une route isolée, il voulait mon âme comme convenu. Or, je n'étais prêt à perdre la vie. Paniqué, je cherchais des yeux une église où me réfugier mais je ne vis rien mais je remarquais un pommier. Alors, j'ai demandé au Diable de cueillir une pomme à l'arbre. Grimpé sur mes épaules, il a commencé à farfouiller dans les hautes branches pour cueillir le fruit tandis que de mon couteau, je sculptais une croix sur le tronc de l'arbre. Je n'ai pas compris pourquoi Satan fut décontenancé, après tout, il était perché sur mes épaules, les mains dans les branches du pommier mais il n'était pas grimpé dans l'arbre. Je crois qu'il est un peu superstitieux. Ma ruse a réussi et il ne pouvait plus descendre. Il a donc fini par accepter de ne jamais prendre mon âme. J'ai ôté le morceau d'écorce marqué d'une croix et il est descendu de mes épaules.

  Le souci, c'est qu'à ma mort, saint Pierre m'a refusé l'entrée du paradis. Voyez-vous, je m'étais promis de cesser de boire et je n'ai pas tenu cette promesse. D'ailleurs, je suis mort de froid après avoir trop bu un soir d'hiver alors que la neige tombait. Je ne me suis pas réveillé avant que le froid engourdisse mon corps. Le diable a refusé de me laisser entrer en enfer en brandissant sa promesse comme argument valable. Je n'avais pas d'autre solution, alors je suis reparti. Mais je suis revenu vers le Diable avant qu'il ne ferme sa porte et je lui ai demandé un charbon ardent, je suis mort de froid, j'estimais avoir le droit de ne pas mourir de froid dans l'éternité à venir. Il a accepté contre la promesse de ne plus jamais traiter avec lui.

  Je dois errer entre les mondes jusqu'au jugement dernier pour gagner mon paradis. Il n'y a rien dans l'entre-monde, aucune couleur définissable, rien, ni arbre, ni pierre, ni objet, ni animal. Le néant. Dans sa miséricorde, Dieu m'a accordé le droit de retourner errer sur Terre le jour de ma mort. La première fois, j'étais si heureux de fouler un sol familier ! Mais le vent menaçait d'éteindre mon charbon ardent et je n'ai pas trouvé d'autre solution que de déterrer un navet dans le champ proche pour l'y mettre. J'ai eu du mal à le creuser, il était gelé mais j'y suis parvenu non sans peine. Pour éloigner les questions, j'y  ai sculpté un visage avec une pierre qui trainait pas là. J'avais honte de ma conduite, je préférais effrayer les gens qui me verraient que de répondre à leurs questions. Je suis heureux de voir qu'aujourd'hui encore, en ma mémoire, on évide des citrouilles et des navets. Cela me donne la force d'attendre une année de plus en attendant le jugement dernier où j'aurais suffisamment expié mes fautes pour gagner mon paradis.