jeudi 1 juin 2017

Nanowrimo Novembre 2016: Le miroir venu d'outre-monde

   L'autre jour, dans le grenier, j'ai trouvé un journal datant de la fin de l'avant-dernier siècle. Au début du XIXème siècle, donc, vivait dans cette maison, une famille avec deux enfants : Elise et Robin. Un jour que leurs parents étaient absents et la gouvernante occupée à ranger leur chambre, ils montèrent discrètement au grenier, lieu qui leur était interdit. Là, ils se trouvèrent face à un miroir. La psyché oblongue au cadre de bois sculpté de roses et de feuilles était bien plus haute qu'eux. Le reflet qu'elle leur renvoyait était étrange, ils semblaient vaporeux dans le miroir. Intrigués, ils s'approchèrent et se regardèrent avec plus d'intensité : oui, ils semblaient éthérés, évanescents dans le reflet du miroir.
L'heure du goûter sonna la fin de la tentative d'explication de ce mystère. Elise, treize ans nota toutefois l'incident dans son journal intime.
  Le lendemain, la jeune adolescente revint dans le grenier en milieu d'après-midi avec Robin qui avait fêté ce jour-là ses dix ans. Il avait été vexé que la mère d'un de ses amis qu'il avait invité à ce goûter d'anniversaire qui fut fort joyeux, l'appelle Robin prononcé à l'anglaise. Il aimait son prénom et à cette époque, les gens le prononçaient généralement correctement, à la française. Ils examinèrent de nouveau leur reflet dans le miroir qui semblait plus évanescent que la veille. Intrigués, ils se mirèrent dedans de longues minutes sans rien trouver de particulier. Ils finirent par inspecter le miroir et ils virent au dos, la signature du fabricant : « Armand TITEUGO, Rosetual, OUTRE-MONDE. A.1884. ». Elise ne comprenait pas comment ce miroir pouvait avoir été fabriqué dans le futur et puis elle ne connaissait pas de pays appellé Outre-Monde ou une ville nommée Rosetual.

  Le lendemain de cette découverte, Elise remonta seule au grenier et elle vit que son reflet dans le miroir laissait entrevoir une ville, son désir d'y pénétrer fut si fort qu'elle tenta d'appuyer à sa surface sans succès. Son reflet pâlit un peu plus sur la surface du miroir mais elle pensa que c'était l'éclairage qui faisait cela.
  La nuit venue, brûlant de curiosité, elle remonta au grenier et resta toute la nuit à le contempler à la lueur d'une bougie. A l'aube, son reflet était à peine visible dans le miroir. Elle le consigna dans son journal intime tout comme le fait que sa mère la trouva pâle ce jour-là mais elle sse sentait en forme, pourtant.

  La nuit suivante, elle retourna examiner son reflet dans le miroir, on le discernait à peine nota-t'elle dans son journal. Au matin, on trouva seulement le journal, une plume et un encrier au pied du miroir, on ne revit jamais Elise. Dans le journal, les dernières phrases étaient : « Ils me disent que pour peupler la ville comme ils sont tous stériles, ils doivent attirer des humains, les plus jeunes possibles pour qu'ils vivent le plus longtemps possible. Ils ne veulent pas être seuls dans le pays d'Outre-monde. Alors, ils ont créé ces miroirs pour que les humains attirés par la curiosité passent le portail entre le monde des humains et le pays d'Outre-monde qu'ils ne peuvent quitter. Ils disent que l'on est heureux là-bas, on ne manque de rien, personne n'est pauvre ou n'a faim, personne n'a besoin de travailler car la magie nous permet d'avoir tout ce que l'on désire. Il n'y a donc ni envie, ni méchanceté. Tout le monde y est heureux. ». D'après mes recherches, la famille a déménagé peu après.

  J'ai fouillé le grenier, j'ai trouvé le miroir. Recouvert d'un drap, il était dans un coin sombre du grenier, oublié de tous et couvert d'une épaisse couche de poussière...