dimanche 31 décembre 2017

Bilan 2017

Bilan 2017 257 projets divers et variés

Histoires longues 6
Nouvelles, poèmes et contes 189
Histoires dont vous êtes le héros 2
Textes divers (faisant partie de séries de textes) 60

samedi 30 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Reprise d'études

  Ce jour-là, dans une librairie bondée, la jeune sorcière farfouille dans le rayon ésotérisme à la recherche d'un ouvrage intéressant. Un livre sur la lithothérapie attire son attention ainsi qu'un livre qui traite de la sorcellerie et de la magie en général d'un point de vue anthropologique. Elle hésite mais elle se dit que ce livre passera dans sa bibliothèque d'autant plus qu'elle possède déjà plusieurs ouvrages de cette collection offerts il y a quelques années. Elle espère qu'il passera inaperçu au milieu des livres qu'elle possède déjà. Elle le feuillette rapidement et si elle retrouve beaucoup de notions connues, elle trouve des choses intéressantes et elle le glisse dans son sac.

  Elana farfouille dans les rayons à la recherche d'un livre sur la phythothérapie qui soit plutôt complet en ce qui concerne notamment les traditions populaires mais elle ne trouve rien qui lui convienne. Elle prend un roman qui parle d'un explorateur du XIXème siècle avant de se diriger vers la caisse pour payer ses articles. Prise d'un doute, elle retourne dans les rayons qui l'intéressent et elle les balaie du regard à la recherche d'un ouvrage intéressant mais aucun ouvrage ne retient son attention et elle fait demi-tour. Lorsqu'elle arrive devant l'hôte de caisse, la jeune fille se sent intimidée mais l'homme ne semble pas intrigué par ses centres d'intérêt. Elle se dit qu'il doit voir passer tellement d'ouvrages qu'il finit par ne plus y prêter attention.

  L'adolescente rentre chez elle après avoir fait un tour dans la rue commerçante. Elle s'achète une fine écharpe brodée et une viennoiserie avant de se diriger vers l'arrêt de bus. De retour dans sa demeure, elle se dépêche de rejoindre sa chambre et de cacher ses livres dans sa cachette habituelle. Une demie-heure plus tard, ses parents rentrent du travail et elle leur raconte sa journée d'emplettes. Impatiente, les heures semblent s'étirer et ce n'est que tard le soir lorsque tout le monde est couché qu'Elana peut enfin ouvrir le livre qu'elle vient d'acheter. Elle le lit jusqu'à l'aube et elle s'endort, épuisée.

  Elle se réveille le lendemain matin lorsque sa mère vient toquer à sa porte.
- Elana, tu es réveillée ?
Elle s'étire et elle sent un objet dur sous son oreiller. Confuse, la sorcière se rend compte qu'elle a dormi sur un livre que ses parents ne doivent pas trouver. Elle court vite le cacher, inquiète de son imprudence, avant de commencer à se préparer.

  La journée se passe lentement et elle bout d'impatience à l'idée d'avoir un moment de calme pour feuilleter ses livres mais ce moment ne vient pas. Ce n'est que le soir à l'issue d'une journée de promenades et de jeux de société qu'elle peut enfin achever de feuilleter son livre à loisir. Elana sent confusément que la situation actuelle n'est pas tenable. Elle ne pourra pas cacher indéfininiment ses croyances et ses pratiques à ses parents et à son entourage. D'ailleurs ses amies n'ont pas mis bien longtemps à découvrir son secret. De plus si ses parents sont plutôt ouverts en ce qui concerne ses croyances, elle n'est pas certaine que des croyances issues d'aucune tradition écrite mais prises un peu partout leur semble acceptable malgré leur grande tolérance. Elle se dit qu'à l'avenir, elle devra se montrer plus prudente si elle souhaite cacher ses croyances. Plus que jamais, l'adolescente regrette l'absence de sa grand-mère. Elle l'aurait comprise, soutenue et elles auraient trouvé les mots à elles deux pour faire comprendre aux autres ce qu'elles sont.

  En attendant, Elana cache soigneusement les ouvrages avec ses objets magiques. Sa baguette en main, l'adolescente soupire avant de la ranger.

lundi 25 décembre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain Maudit musicien

  Il était une fois, un jeune musicien qui aimait à jouer de la flûte dans les lieux abandonnés et oubliés des hommes. Enroulé dans son épaisse cape rouge brique, le mince jeune homme aux courts cheveux noirs en bataille foulait de ses hautes bottes de cuir des terrains délaissés par tous. Un soir, alors qu'il passait en jouant un air funèbre près d'un cimetière, il se mit en tête de créer une mélodie qui réveillerait les morts. Ainsi son nom ne tomberait pas dans l'oubli et il serait célèbre. Il deviendrait riche et les gens cesseraient de l'ignorer, il aurait un cercle d'amis fidèles et la plus jeune fille du meunier qu'il aimait en secret cesserait de l'ignorer lorsqu'il tenterait de lui adresser la parole. Le flûtiste joua dans le secret de son modeste logis où le froid pénétrait par les planches disjointes, divers morceaux. Ces messes des morts et ces danses macabres des plus grands compositeurs, mêlés à des airs populaires chantés lors des funérailles furent soigneusement étudiés  pour en déceler les similitudes. Avec soin, le jeune homme notait les rythmes, les répétitions, le tempo et les notes les plus utilisés. Jour et nuit, les airs dansaient dans sa tête et ces macabres berceuses l'accompagnaient dans le sommeil. Le musicien s'endormait chaque soir avec l'espoir de trouver au bout de sa route, la renommée qu'il méritait.

  Un froid matin pluvieux, le jeune homme s'emmittoufla dans sa robe de chambre avant de se pencher à sa table de travail pour poser des notes sur du papier à musique. Les doigts sur son piano, il pianotait rapidement les suites de notes qu'il venait de tracer pour les corriger ; la musique semblait voler dans la pièce sous ses doigts menus et l'envelopper. Au bout d'une demie-heure, il courut acheter du pain et du fromage puis il se remit bien vite à sa table de travail. Sa plume crissait sur le papier et dans sa hâte, quelques taches d'encre maculèrent sa robe de chambre et ses doigts mais il les ignora.

  Des heures durant, il travailla sur sa partition et au matin, il était certain d'être arrivé au bout de son œuvre. Mais épuisé, il s'endormit tout habillé sans avoir pu jouer sa création en intégralité pour se faire une idée de son travail et noter les passages à corriger. Lorsqu'il s'éveilla le soir venu, le compositeur d'une nuit réalisa que c'était le soir d'Halloween, nuit idéale pour jouer pour la première fois un tel morceau. Il prit sa flûte, sa partition, son chapeau, d'épais gants de peau de mouton et sa cape de laine puis il s'enfonça dans la nuit, déterminé à trouver un endroit tranquille pour jouer son œuvre. Il craignait trop les quolibets qui accompagnaient habituellement sa musique pour se risquer à être entendu de quiconque. La solitude et les étoiles seraient son meilleur public pour sa première.

  Seul face à la lande, il se remémora sa partition au clair de la lune qui était pleine en faisant jouer ses doigts sur sa flûte tout en fredonnant sa mélodie pour fixer le morceau dans sa mémoire. Puis,  il commença à jouer. Sa musique cristalline monta dans l'air glacé du soir et ses mains gourdes peinaient à se mouvoir mais il tint bon durant de longues minutes. Sa plainte déchirante mais vibrante d'espoir semblait inviter les âmes passées dans l'au-delà à rejoindre le monde des vivants pour une dernière danse endiablée. 

  Et les âmes des trépassés répondirent à son appel. Elles descendaient en masse des alentours et elles commençaient à se rassembler en plusieurs rondes qui se mirent en mouvement autour du musicien. Absorbé par la musique, le jeune homme ne vit rien. Il ne vit pas les âmes voiler l'éclat de la lune de manière imperceptible et il ne se rendit pas compte du silence qui régnait alentour. Les yeux rivés sur sa partition, il luttait à chaque note pour mouvoir ses mains transies de froid. Il sentait confusément que la moindre fausse note briserait à jamais la magie de son morceau et de ce moment. Le temps passa, sembla s'étirer mais le musicien n'aurait su dire si quelques minutes ou quelques heures avaient passé. Enfin, lorsqu'un un nuage dévoila la lune qui illumina la lande, il jouait ses dernières notes. Il relâcha son attention, ravi de sa création si fluide, triste mais en même temps, pleine de vie et d'espoir, et il se rendit compte avec horreur que les morts l'entouraient. Paniqué, il cessa de jouer juste avant d'entamer la dernière mesure et les morts se rapprochèrent de lui.
- Et bien, finis ton morceau que nous achevions notre danse !
- Musicien, joue tes dernières notes pour nous permettre de fêter ce jour particulier.
- Nous te remercions de ta générosité mais ne t'arrête pas en chemin, je t'en prie.
Les mots se croisaient et il ne comprenait rien à ce brouhaha. Apeuré, le jeune homme lâcha sa flûte qui chut dans l'herbe, il voulut fuir le nuage mouvant de fantômes qui approchait de lui. Dans sa précipitation, il marcha sur sa flûte qui se brisa avec un craquement sinistre sous son poids, il perdit l'équilibre et il se fracassa le crâne contre une pierre. Le lendemain, on trouva son corps près de sa flûte brisée et ses partitions s'étaient dispersées dans l'herbe. La pluie avait lavé l'encre et personne ne sut jamais quelle création il était allé terminer seul dans la lande.

  Depuis, chaque nuit d'Halloween, le joueur de flûte joue sa partition et d'autres airs qu'il connaît bien pour faire danser les défunts jusqu'au bout de la nuit dans une danse endiablée sur la lande. Mais jamais, il ne parvient à jouer les dernières notes de son chef d'oeuvre. Une malédiction semble l'en empêcher. Il tente en vain de jouer l'ultime mesure de son morceau mais son corps ne lui obéit plus et les larmes aux yeux, il ne peut que voir ses doigts achever le morceau une fois de plus sans que son souffle ne traverse l'instrument pour porter sa musique dans la nuit.

samedi 23 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Nouvelle année


Dans sa chambre en désordre, après avoir fait un dernier tour sur elle-même pour vérifier qu'elle n'a rien oublié, Elana termine son sac alors qu'on sonne à la porte. Ses amies sont passées la chercher pour fêter halloween. Un peu nerveuse, elle dit au revoir à ses parents et elle monte dans la voiture qui les emmènent chez Maureen dont les parents ont accepté de les accueillir pour la nuit.



Le repas composé de soupe au potiron en sachet, de tartes aux pommes de supermarché et beaucoup de bonbons est rapidement avalé dans la cuisine au milieu d'éclats de rire et de discussions d'adolescentes à l'abri du regard des adultes. Puis les amies vont se préparer pour sortir. Elles pouffent dans la salle de bain trop étroite où elles s'entassent ; le reflet dans le miroir leur renvoie une image qu'elles immortalisent en prenant des photographies. Elles ont décidé de se déguiser en vampire et le groupe vêtu entièrement de noir et enveloppé dans des capes du même coloris improvisées dans du tissu acheté au rabais à la mercerie du coin se blanchit le visage avec application. Du rouge à lèvres rouge, des gants et des bonnets noirs achèvent leur tenue.



Un peu plus tard, dans le bus, les jeunes filles discutent des derniers potins du lycée et des devoirs à rendre à la rentrée. Les paquets de bonbons glissés dans les sacs circulent entre les amies et elles en offrent aux rares personnes, déguisées tout comme elles, qui ont pris le même bus.



Arrivées au centre-ville, elles marchent dans les rues en riant sous la pleine lune qui se lève. Elles font mine d'effrayer quelques passants de leurs cris et elles admirent les costumes qu'elles croisent dans la rue. Après une longue marche dans les rues qui commencent à se vider, elles finissent la soirée dans un bar. Elles se fondent dans la foule des personnes déguisées et elles s'installent dans un coin tranquille. L'atmosphère chaleureuse du pub lambrissé de bois sombre leur donne l'impression d'être dans un lieu hors du temps lors de cette nuit hors du temps. Après deux heures à discuter autour d'un verre, les jeunes filles se décident à affronter le froid pour prendre le bus. L'attente pour prendre le bus est longue. L'excitation retombée, les amies sentent le froid de ce mois d'octobre qui passe sous leurs costumes, elles tapent du pied dans l'espoir de se réchauffer en attendant leur carrosse d'un soir. Un garçon de leur âge qui fume une cigarette non loin d'elles les observe attentivement avant de leur demander en quoi elles sont déguisées. Lorsqu'elles lui répondent qu'elles se sont déguisées en vampire, il leur répond avec un sourire amusé que les vampires ont des crocs et qu'ils semblent effrayants d'habitude. Alors qu'elles sont plus mignonnes et élégantes qu'effrayantes. Il leur sourit avant d'écraser sa cigarette et de leur souhaiter une bonne soirée puis de monter dans son bus. Les jeunes filles se regardent avant d'éclater de rire. Puis elles courent pour rejoindre leur bus qui vient d'arriver à l'arrêt. Quelques instants plus tard, installées dans le fond du véhicule, elles font circuler leur dernier paquet de bonbons en évoquant la soirée.



Le groupe se précipite dans la maison pour se réchauffer les mains sur les radiateurs. Aussitôt la porte refermée, Elana prépare de la tisane pour achever de réchauffer ses amies qui ont collé leurs mains aux radiateurs. Leur tisane avalée, enfin réchauffées, elles rejoignent la salle de bain pour se démaquiller. Ses amies endormies, Elana se relève et elle prend discrètement son sac. Sur le rebord de la fenêtre ouverte de la salle de bain, elle allume une bougie chauffe-plat qu'elle a discrètement récupérée dans sa chambre alors que ses amies se préparaient. Elle a une pensée pour les âmes qui errent en ce jour particulier et pour les disparus puis elle souffle sa bougie et elle retourne se coucher, transie de froid,. Elle se recroqueville dans son sac de couchage pour se réchauffer et elle imagine le voile entre les mondes qui s'amincit. Dans ses rêves, les âmes des défunts dansent aux alentours et vont visiter les vivants.



Pour la jeune sorcière, une nouvelle année commence...

mercredi 20 décembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Cueillette improvisée

Dans un bois, Elana se promène par une matinée ensoleillée d'octobre. Elle feuillette son grimoire de poche et elle tente d'identifier des plantes intéressantes. Elle ignore totalement ce qu'elle va en faire mais qu'importe. Elle se demande s'il serait judicieux de faire un herbier des principales plantes alors même qu'elle tente d'apprendre à reconnaître les plantes et les fleurs. Son livre de reconnaissance des plantes en main, l'adolescente essaie d'identifier les plantes courantes. Même si à son grand regret, les plantes les plus courantes ne sont pas mentionnées car elles n'ont sans doute qu'un intérêt limité. Le pouvoir des plantes devait être lié à leur rareté.

Dans le sous-bois, elle hésite. Bientôt, glands, pétales d'églantine, pissenlit et feuilles de houx emplissent ses poches. Elle profite de ce moment de communion avec la nature pour s'imprégner du calme environnant. De retour chez elle, elle met à sécher dans un lieu à l'abri des regards ses trouvailles et elle met de côté une boîte où ranger ses ingrédients. Elle n'est pas certaine de la meilleure façon d'utiliser les plantes pour ses sortilèges mais elle se dit qu'elle verra bien le moment venu.

Quelques jours plus tard, la sorcière récupère ses plantes séchées qu'elle range dans des petits pots. A sa grande surprise, elle se rend compte que les glands ont germé, elle se sent sotte de ne pas y avoir songé. Vite, elle s'habille pour retourner dans le bois afin de les remettre là où elle les a pris.

Elle leur murmure des mots d'excuse avant de rentrer chez elle, tout sourire à l'idée que dans quelques années, ces glands devenus arbres lui fourniront les glands qui lui apporteront fortune et richesse.

Un peu plus loin, Elana trouve quelques champignons et elle feuillette longuement son carnet pour retrouver les propriétés des champignons qu'elle vient de trouver. Rien ne l'intéresse et elle reste assise quelques minutes dans les feuilles mortes à écouter le champ des oiseaux et les bruits de la forêt. Puis elle retourne chez elle pour être sûre d'être rentrée avant le retour de ses parents.

mercredi 13 décembre 2017

Gaffe aux gaffes Siffler en travaillant

 Neuf heures et demie sonnent dans les couloirs de la rédaction et chacun s'active dans les bureaux. Fantasion met ses gants et son chapeau, il prend sa serviette sous le bras avant de vérifier qu'il n'a rien oublié, il est pressé mais ce qu'il voit dans le couloir le force à s'arrêter. Il grommelle contre ce temps perdu mais il se contient et c'est d'un ton aimable qu'il pousse la porte du bureau de son collègue.
- Bonjour Gaston, je suis ravi de vous voir si tôt au travail ce matin. Dites-moi, le courrier en retard déborde dans le couloir, il est temps que vous fassiez quelque chose ! Bon, je file, je dois prendre mon avion pour la Palombie avec Spirou dans moins d'une heure, je suis affreusement en retard. dit-il en regardant sa montre.
Fantasio sort en claquant la porte et il reprend sa course dans les couloirs puis les escaliers. Lorsqu'il s'assied dans le taxi qui l'attend dans la rue, il se félicite de s'être montré ferme avec son subordonné et d'avoir réussi à ne pas s'énerver. L'émission que le chauffeur de taxi écoute lui indique qu'il est bientôt neuf heure quarante, ce qui signifie qu'il n'est pas encore en retard, ses bagages sont dans le coffre du taxi, tout va bien, il peut partir serein. Satisfait, Fantasio ouvre un journal tandis que la voiture démarre.
  Au son de la voix de Fantasio, Gaston a relevé la tête puis il est sorti dans le couloir pour voir ce qui se passe. Il n'a vu que le dos de son supérieur qui s'éloignait au pas de course vers l'ascenceur en faisant au passage vaciller une plante verte.
- Ah oui, c'est vrai, il part en reportage en Palombie. Il a bien de la chance de tant voyager ! Il m'a parlé de courrier qui colonise le couloir, il exagère un peu quand même. Je reconnais que quelques enveloppes sont passées sous la porte, mais il n'y a rien de bien méchant.
Toutefois, lorsqu'il inspecte le courrier qui jonche le couloir et qu'il voit ses collègues prendre leur élan pour sauter par-dessus, il se dit que le courrier en retard devient problématique ; quelqu'un pourrait glisser dessus et se blesser. Les poings sur les hanches, il observe la pièce encombrée et il retrousse ses manches.
- Il a raison, il est temps que je traite le courrier en retard !
Armé d'un balai, il fait rentrer les enveloppes dans la pièce et il referme la porte. Il est certain de ne pas être dérangé durant ses heures de travail.
  Gaston ouvre la première enveloppe et il sort le courrier qu'il roule rapidement en boule avant de le jeter dans la poubelle.
- Panier ! hurle-t'il de joie.
A son cri, Prunelle entre dans la pièce en demandant ce qui se passe. Il voit Gaston ouvrir quelques enveloppes pour traiter le courrier en retard. Surpris, il referme doucement la porte pour ne pas ruiner cette initiative inattendue. Un sourire satisfait aux lèvres, il annonce à Lebrac qu'il croise à la photocopieuse que ça y est Gaston a compris la valeur du travail, il classe enfin le courrier en retard ! Ses années de sermons ont porté leurs fruits et il va enfin mériter son salaire ; d'ailleurs, il se demande pourquoi on continue à le lui verser depuis toutes ces années. Lebrac lui répond qu'il est heureux de l'apprendre mais qu'il n'a pas le temps, il a une planche à finir. Le dessinateur file s'enfermer dans son atelier, visiblement pressé de finir son travail.
  Un peu plus tard, Gaston a confectionné une énorme boule de papier grâce à quelques courriers et à beaucoup de scotch. Il réfléchit et il place deux chaises dans le fond de la pièce. Puis balle au pied, il court pour marquer un but.
- But ! hurle-t'il les bras en l'air.
Vingt minutes plus tard, fatigué de ce jeu, il jette son ballon improvisé dans l'immense sac poubelle qui traîne dans un coin de la pièce.
- Bien, maintenant, voyons ce qu'il me reste à trier. En fait, c'est amusant de travailler ! Il suffit juste d'avoir un peu d'imagination et d'esprit d'initiative. Le temps passe aussi vite que lorsque je travaille d'ordinaire. D'ailleurs, ça me fait penser que j'ai toujours mon missile transrue pour distribuer le courrier à finaliser...

  Quelques minutes plus tard, après une pause qu'il estime bien méritée, Gaston teste un nouveau système de rangement : il plie minutieusement les courriers à classer en accordéon qu'il maintient fermés avec un élastique. Fixés au fond du placard par des punaises, les courriers repliés ainsi rangés côte à côte et maintenus par un élastique permettent de ranger debout de nombreuses feuilles de papier. Lebrac qui passait par là, fait remarquer à son collègue que mettre les feuilles à plat les unes sur les autres prend moins de place et de temps que ses pliages. Et il lui rappelle que le fond du placard a une surface limitée. Gaston réfléchit, il ronchonne que son génie est incompris avant de s'armer d'un fer à repasser pour rendre aux courriers leur aspect originel. Ce faisant, il brûle quelques courriers mais il estime que les marques de brûlures n'entravent en rien la lecture des missives que personne ne lit jamais. Le bureau de métal chauffe sous l'effet de la chaleur qui se dégage du fer mais Gaston prend garde de ne pas se brûler. Il regrette de ne pas avoir le temps de tester ce nouveau système pour réchauffer de la nourriture comme des tranches de jambon ou des crêpes.
  Puis, armé d'un tube de colle et d'une paire de ciseaux, Gaston commence à confectionner des avions en papier qu'il échange avec Jules-de-chez-Smith-en-face qui l'attend en bas dans le jardin. Un fil doté d'un hameçon pendu à la fenêtre lui permet de remonter les avions en papier dans le bureau. Durant une heure, les deux hommes  s'échangent des avions en papier de plus en plus sophistiqués dans leur aérodynamie. Gaston a sélectionné tout spécialement les réponses à des jeux concours terminés depuis belle lurette et autres courriers qui ne présentent aucune utilité désormais. Il estime que conserver ces vieux bulletins de participation représente une perte de temps et de place, qui irait s'en préoccuper ?
- Hé, Gaston. J'ai une réunion, je dois y aller ! Amuse-toi bien à trier ton courrier. Tu veux bien que je garde tes feuilles pour mon poêle chez moi ? lui crie Jules-de-chez-Smith-en-face, les mains en porte-voix.
Gaston accepte et son ami rejoint son entreprise.
- Bon, le tas a bien diminué ! J'ai bien travaillé. Comment vais-je donc pouvoir traiter le courrier en retard maintenant ?
Prunelle entre dans le bureau sur ces entrefaites et il apostrophe Gaston.
- Dites-moi Gaston, je m'étonne de ne pas voir les dossiers des archives grossir du courrier que vous avez trié. Je vois bien que le tas de courrier qui encombre votre bureau a nettement diminué mais qu'en avez-vous donc fait ? Et vous n'oublierez pas de mettre de côté les courriers qui méritent réponse pour les donner aux personnes concernées. Et cela concerne même les vieux courriers que votre incompétence a laissé traîner depuis des mois. 
- Non, non. ne t'inquiète pas... Je maîtrise la situation. lui répond Gaston, les mains dans les poches.
- J'espère bien. dit-il avant de sortir en claquant la porte.
Une fois seul, l'employé au courrier se demande s'il n'aurait pas fait disparaître quelques courriers importants. Mais il hausse les épaules en disant que si c'était important, les expéditeurs auraient téléphoné depuis le temps. Et ce n'est pas six mois après qu'on s'inquiète de savoir si un courrier est reçu ou non. Néanmoins, il reconnaît qu'il doit faire plus attention à garder les courriers importants.
  Un quart d'heure plus tard, Gaston secoue la tête.
- Non, les cocottes en papier, c'est bien, ça s'empile mais d'une part, ça ne tient pas trop en équilibre et d'autre part, ça prend de la place. Je dois trouver autre chose.
Il lisse soigneusement les feuilles avant de les repasser sur son bureau qui lui sert de planche à repasser improvisée. Pris d'une inspiration, il réfléchit et il tente de confectionner des fleurs et des feuilles en origami. Ainsi compactées, les lettres prennent peu de place et il les range soigneusement dans une boîte.
- Mais où sont donc les promotions de notre fournisseur de papier ? demande monsieur Boulier en cherchant partout dans les placards et les armoires des archives. Je dois faire une commande urgente et je ne retrouve pas le catalogue.
D'un pas vif, il se rend dans le bureau de son collègue pour lui poser la question.
-  Vous savez bien Gaston, il s'agit d'une feuille qui regroupe les promotions du moment, je suis sûr d'y avoir vu une offre pour des achats en gros de papier à dessin.
- C'est ça que vous cherchez ? demande Gaston en lui présentant une grenouille verte.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? hurle le comptable, le visage écarlate. Et où est ce catalogue ?
- Dans ma main, regardez ! Vous le dépliez comme ça et miracle, la feuille apparaît.
Monsieur Boulier regarde Gaston qui semble si fier de lui et il jette un regard autour de lui, dépité. Des amoncellements de grues, cygnes et autres oiseaux en papier l'entourent. Des grenouilles et des nénuphars s'entassent sur les étagères après de papillons et de libellules de papier.
- Je crois que je vais rentrer chez moi, je ne me sens pas très bien. dit le comptable en quittant la pièce, son catalogue à la main.
- Qu'il est fragile ! se dit Gaston. Allez, je vais aller me chercher un café, ça me fera du bien.
  A la cafeteria, il allume la cafetière puis il verse le breuvage brûlant dans une grande carafe pour ne pas se retrouver à court. Lorsqu'il entre dans le bureau, il trébuche sur une enveloppe et le liquide noir se répand sur une partie du courrier.
- Zut alors !
Il éponge rapidement le breuvage avec son écharpe puis il descend se faire de nouveau un café. Gaston examine les enveloppes trempées de café et il ne voit pas d'autre solution que de les laver. Dans une bassine trouvée dans le local de ménage, il met de l'eau dans laquelle il trempe les courriers un à un. L'encre des courriers écrits au stylo à encre bave un peu  mais il estime qu'ils restent lisibles. Puis il met les feuilles à sécher sur un fil.
  Trois semaines plus tard, Fantasio rentre en trombe dans la rédaction, ses clichés de marsupilami sauvages à la main. Lorsqu'il passe devant le bureau de Gaston, il glisse malencontreusement sur une enveloppe.
- Gaston, il me semblait vous avoir dit de trier le courrier en retard.
- M'enfin, tu ne sais pas ce que tu veux à la fin ! J'ai trié ton courrier. Ce n'est pas de ma faute si depuis du courrier est arrivé ; c'est le courrier arrivé depuis ton départ. Tu sais entre le concours de noël pour gagner un an d'abonnement à Spirou magazine et le concours spécial pour le reportage photo du marsupilami dont le premier prix est une photographie dédicacée d'un marsupilami sauvage, les courriers ont afflué depuis trois semaines. J'ai pris du retard dans mon travail, moi ! Tiens, regarde, je suis en train de fabriquer un marteau à fixer au mur pour planter des clous. Il servira à accrocher les tableaux.
Fantasio soupire, il frôle le malaise et il décrète qu'il doit aller prendre l'air. Gaston le regarde s'éloigner et il se remet à son travail.

(Bien évidemment, les personnages et l'univers appartiennent à Franquin)

mercredi 6 décembre 2017

Nanowrimo Novembre 2017 Bilan

Objectif 50 000 mots, j'ai passé ce cap le 29 novembre avec un jour d'avance.
Total 50 462 mots
Validation: 29 novembre
Objectifs: atteints
Ecarts: un jour à 0 car je n'étais pas là (on va dire que ça ne compte pas trop); le minimum: 646 mots dans la journée; le maximum est à 3 644 mots dans la journée.
Défis annexes: un défi coiffure que je termine laborieusement ces jours-ci.


Bilan: beaucoup de fatigue, des récits tous bien entamés sur lesquels il n'est pas facile d'avancer rapidement mais ils ont bien avancé, je suis contente.

mercredi 29 novembre 2017

Le livre des ombres d'Elana Oui-jamais

   En cette morne journée d'octobre, Elana et ses amies rient dans la chambre de l'adolescente. Venues passer l'après-midi, les camarades de classe de l'adolescente viennent de passer en revue les derniers potins du lycée.
- Oh, mais tu as un oui-ja...
- Pardon ? Euh, oui, je voulais le ranger mais vous êtes arrivées. répond Elana à la question de son amie, un peu gênée.
La jeune fille rougit de sa bêtise. Elle prend toujours soin de dissimuler ses centres d'intérêt ésotériques pour ne pas soulever des questions auxquelles elle n'a pas envie de répondre. Et cette planche de oui-ja n'est pas un objet à mettre à la vue de tout un chacun. Elle était en train de ranger sa chambre lorsque ses amies ont toqué à la porte ; sur le moment, elle a totalement oublié qu'elle n'avait pas rangé la boîte dédiée à la divination.
- On pourrait faire du spiritisme, ce serait marrant. insiste Maureen.
- Non, je ne pense pas... Il faisait partie d'une malette dédiée à l'art de la divination que j'ai trouvée dans une brocante. Ce oui-ja est le seul objet utilisable, le reste était en mauvais état mais je refuse de toucher à ce genre de chose. Je l'avais laissé là le temps de décider de son sort car il est hors de question que je le garde.
Elana n'ose pas dire à ses amies qu'elle a gardé les livrets explicatifs et le pendule en attendant de les tester pour voir s'ils peuvent lui être utiles. Elle ne leur a jamais parlé de son intérêt pour les arts occultes et elle ne souhaite pas s'étendre sur le sujet. Toutefois, elle note avec plaisir qu'elles ne semblent ni choquées ni inquiètes de trouver ce genre d'objet sur son bureau.

- Elana, ne fais pas ta poule mouillée ! Tu as vu trop de films d'horreur. dit Enora. Nous sommes venues toutes les trois te rendre visite mais il pleut, il faut bien qu'on trouve une occupation, non ? Et nous n'avons jamais pratiqué ce genre de choses, nous n'avons pas ce genre de matériel chez nous, allez, sois sympa. Juste cette fois-ci !
- Oui, mais pas ce genre d'activité, j'estime que c'est trop dangereux. De plus si ce genre de choses vous intéresse, il y a des choses bien plus accessibles et moins dangereuses. s'emporte Elana en se levant. Je vais me débarrasser de ce truc, c'est pour cette raison que je l'ai laissé là. Il me fait froid dans le dos et j'ai peur de ce qu'il pourrait faire entrer chez moi.
- Arrête, c'est marrant ! Cesse de faire ta froussarde, à la fin.
- Non, Enora, ce n'est pas marrant, c'est dangereux ! Et ça me fait peur ! De plus, je l'ai acheté dans une brocante, qui sait ce qu'il a vécu et d'où il provient ? Et quels ennuis, il pourrait nous apporter ?
Enervée, la jeune sorcière met le oui-ja dans un sac poubelle pour le faire disparaître de la vue de ses amies.
- Je ne sais même pas d'où il vient, à qui il appartenait. Dieu seul sait de quelles ondes, il est chargé. répéte la jeune sorcière en ramenant ses cheveux en arrière pour tenter de masquer sa nervosité. 
- Mais pourquoi l'avoir acheté ? demande alors Maureen en rejetant en arrière ses raides cheveux châtain mi-longs. Il y a un problème ?
A travers ses fines lunettes, elle observe son amie et note son malaise.
- Non, c'est juste que, comment dire ? J'ai été prise d'une impulsion, je voulais comprendre comme ça fonctionnait. Je n'ai pas réfléchi et j'ai surtout pensé à la manière de la cacher à mes parents. S'ils tombent dessus, je me demande ce que je vais pouvoir leur répondre. Mais vous ne direz rien, n'est-ce pas ? Pourrions-nous parler moins fort, je ne voudrais pas que mes parents entendent notre conversation.
Ses amies acquiescent et Elana soupire, soulagée.
- Mais depuis quand est-ce que ce genre de choses t'intéresse ? questionne Maureen en se tournant vers elle. Admets que ce n'est pas commun.
Elana hésite un instant en se mordant la lèvre avant de répondre.
- Ma grand-mère s'intéressait à ce genre de choses. Il y a peu, j'ai fouillé dans ses affaires et je suis retombée sur son matériel. Je me suis souvenue à ce moment-là qu'une part de moi avait toujours eu une attirance pour ce genre de pratiques. Et que le moment était venu pour moi de tenter de voir si ça pouvait me convenir donc en testant des choses. Mais pas ce genre d'outils de divination ; quelque chose me retient et me dicte de ne pas m'en approcher depuis toujours. En la matière, j'ai tendance à me fier à mon instinct avant tout.
- Donne-le ! insiste la svelte adolescente en se levant du tapis où les jeunes filles se sont assises. Si tu ne veux pas le garder. A moins que tu ne préfères t'en débarrasser... Mais si c'était le cas, tu l'aurais mis dans un sac poubelle depuis bien longtemps.

  Debout devant son amie, dans son pantalon de tailleur noir et avec sa chemise blanche à longues manches fermée par des boutons argentés, Elana semble plus âgée qu'elle ne l'est réellement. Silencieuse, l'adolescente réfléchit à la meilleure manière de se débarrasser au plus vite de cet objet encombrant.
- Cette chose me fait peur. répète Elana. Je...mon instinct me dit que je dois m'en débarrasser. Je sais ! Il y a un vide-grenier deux rues plus loin, je pourrais le donner avec quelques vieux livres que nous avions dû lire en cours de français, il y a une éternité.
- Allons-y dans ce cas ! Ce sera amusant. dit Maureen en se levant d'un bond. Au fait, ta pratique a eu des résultats ?
- Euh, oui, un peu mais va savoir si ça a réellement marché ou si c'est le hasard. élude Elana qui fouille dans sa bibliothèque pour mettre dans un sac les livres qu'elle ne souhaite pas garder.

  Intimidée, Elana installe ses objets sur une couverture étalée devant elle. Elle craint de reconnaître ses voisins et elle regarde autour d'elle mais elle ne reconnaît personne parmi les vendeurs. Soulagée, elle s'assied sur la couverture avec ses copines. Elles discutent de choses et d'autres, quelques livres trouvent preneur mais la boîte reste toujours en vente. Deux heures plus tard, un homme s'approche du groupe d'adolescentes et se montre intéressé par le oui-ja alors que les jeunes filles s'apprêtent à remballer leur marchandise.
- Il n'est pas maléfique ou ensorcelé au moins ? interroge-t'il avec un sourire.
- Je ne sais pas, il est neuf et je n'ai jamais osé l'utiliser. Normalement, il est tout ce qu'il y a de plus neutre mais je ne touche pas à ce genre de chose. répond l'adolescente, un peu mal à l'aise. D'un autre côté, j'imagine qu'il a été fabriqué dans une usine chinoise dont les conditions de travail sont sans doute peu reluisantes. L'objet a dû se charger d'ondes potentiellement négatives. Je ne saurais dire.
- Cinq euros, ça vous va ? Je le purifierai avant de l'utiliser, ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude de ce genre de choses.
Elana va protester qu'il est neuf mais elle songe qu'elle veut surtout s'en débarrasser et que cette occasion ne se représentera pas de sitôt. Aussi, elle tend la main pour prendre le billet en échange de l'objet. Elle regarde l'homme s'éloigner et elle achève de remballer ses affaires sans plus y penser. Au fond, c'est une meilleure solution que d'abandonner l'objet sur le banc d'un jardin public. Elle espère surtout que l'objet n'est pas chargé d'énergies  négatives et qu'il n'apportera pas des ennuis à son nouveau propriétaire.
 
 Mais aurait-il mieux valu l'abandonner dans les toilettes d'un jardin public et que n'importe qui tombe sur le ouija et l'utilise sans prendre les précautions élémentaires ? Ou le détruire ? Elle y a songé mais elle n'a pas osé le faire, aussi Elana s'est abstenue. Mais elle se sent un peu coupable d'abandonner ainsi cet objet sans connaître son devenir. D'un autre côté, elle ne pouvait pas le garder. Elle n'a jamais eu l'intention de l'utiliser et le laisser au fond d'un placard n'est pas une solution. La planche est grande et elle ne pourra pas toujours la cacher à ses parents. L'adolescente n'ose imaginer leur réaction s'ils tombent dessus un jour.
 
 Pourtant, si elle est honnête avec elle-même, elle se dit qu'elle n'a pas de raison d'avoir peur. Pourquoi un esprit maléfique pourrait lui faire du mal via une planche de oui-ja et pas au travers de ses runes ou de ses tarots ? De plus, elle n'ignore pas que ce genre d'outil de divination a autrefois été vendu comme jouet outre-atlantique. A-t'elle bien fait de suivre son intuition ou aurait-il mieux valu conserver l'objet et tenter de s'en servir sans a priori négatif ? La jeune sorcière  n'a pas de réponse à ces questions et elle sent une de ses amies qui la tire par la manche. Elle revient à la réalité, au vide-grenier et au froid glacial.
- Rentrons, j'ai froid ! J'ai fait ce que j'avais à faire, à moins que vous ne souhaitiez faire un tour ?
Ses amies souhaitent avant tout se mettre au chaud aussi les adolescentes remballent leur couverture et elles rejoignent le foyer accueillant d'Elana. Alors qu'elle prépare le thé, la jeune sorcière entend ses amies déplorer la disparition du oui-ja. Leur intérêt éveillé, elles regrettent de ne pas pouvoir tester leurs dons de divination.
- Tu crois que cette planche était si dangereuse que ça ? demande Enora en réchauffant ses mains sur la tasse de porcelaine.
- Je ne sais pas. lui répond Leslie. Mais j'aurais bien aimé essayer juste pour voir. Si ça se vend, c'est que ce n'est pas aussi dangereux que dans les films d'horreur.
- Vous croyez qu'Elana est une froussarde ? rit Maureen. Peut-être qu'elle a de bonnes raisons pour s'inquiéter, non ? Est-ce qu'elle ne nous a pas dit que sa grand-mère avait des pratiques bizarres ? Peut-être qu'elle sait des choses que nous ne savons pas...
 Elana réfléchit et elle décide de les initier à la tasséomancie, activité bien moins dangereuse à ses yeux. Peu à peu, ses amies oublient le oui-ja, trop occupées à tenter de trouver des réponses dans la lecture des feuilles de thé qui collent à la paroi de leur tasse et qui se sont déposées sur la soucoupe en porcelaine de Chine.
- Et toi, Elana, que disent tes feuilles de thé ?
Avec un sourire, Elana s'exécute puis elle laisse son esprit vagabonder alors que ses amies tentent de deviner ce qui l'attend.

mercredi 22 novembre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain Le repas des défunts

 Dans la grande pièce éclairée par des chandelles et par le feu qui crépite dans la cheminée, la famille termine de dîner et de débarrasser la table. En ce jour particulier, les membres de la famille prennent soin de placer dans des assiettes les restes du repas. Ils laissent les plats dans la cuisine pour le repas des défunts avant de passer au salon pour déguster pommes et noix en racontant des histoires de fantômes et en se se remémorant des souvenirs d'autrefois.

  Hermand que l'on a envoyé au lit un peu plus tôt se glisse à pas de loup dans la cuisine, son ours en peluche serré contre son cœur. Pieds nus et en pyjama, le petit garçon se glisse dans la cuisine près du radiateur, là où il a pour habitude de se blottir en hiver. Les adultes ne l'ont pas entendu descendre l'escalier et ignorent sa présence. L'enfant dans son pyjama à carreaux écoute d'une oreille attentive l'histoire de ses ancêtres même s'il en a entendu le récit des dizaines de fois. Il ne se lasse jamais de l'histoire de la tante Zoé qui était folle de son chat Félix qu'elle traitait comme son enfant ou du cousin Gus qui pouvait inventer un chanson en quelques secondes pour peu qu'on lui donne un thème.
  Par la porte entrouverte, le froid entre dans la maison mais la cheminée suffit à réchauffer l'atmosphère. Tout au plus, un membre de la famille frissonne avant de se couvrir d'une couverture lorsque le froid s'aventure trop loin dans le logis. Autour de la bâtisse, les âmes des défunts rôdent et timidement, les ancêtres entrent un à un dans le foyer pour se glisser dans la cuisine dans le plus parfait silence. Sur le chemin qui mène à la maison, des lanternes tracent le chemin à suivre pour rejoindre leur famille le temps d'une soirée.
- Nous arrivons trop tard cette année pour avoir une place à table. D'ailleurs, puisqu'ils laissent des places vides à table durant le repas pour nous, pourquoi ne pensent-ils donc jamais à en mettre suffisamment ? dit la grand-tante Hortense en entrant dans la cuisine suivie du grand-oncle Henri.
- Qu'avons-nous là ? s'interroge la grand-tante Sonia en approchant de la table. Ils nous laissent de quoi manger mais il n'y en a jamais assez pour nous tous et c'est toujours la même chose. Les traditions, c'est bien mais changer de recettes de temps en temps, c'est mieux. Ce n'est parce que nous sommes passés de l'autre côté que nous n'avons pas envie de changement. C'est comme pour les chaises, ils nous laissent des places libres mais la majorité d'entre nous finit sur les genoux de quelqu'un ou assis par terre.
Une ombrelle invisible balaie l'air et son chapeau à fleur manque de tomber par terre tant elle hoche la tête avec violence.
- Toujours à râler pour un rien ! dit le père Michel en entrant à son tour dans la cuisine. Tout ceci me semble délicieux ! Sentez ce fumet qui embaume mes narines.
Sa pipe à la bouche, l'homme replet tire sur ses bretelles pour les remettre en place. Il regarde autour de lui et il s'assied à table en attedant l'arrivée des autres convives.
  Bientôt la cuisine se remplit et la grande table de bois accueille les défunts qui évoquent leurs souvenirs dans cette maison qui a vu naître une grande partie de la famille et bien des fêtes de famille.
- Il y a quelqu'un. Un vivant ! chuchote grand-papa Jacques dans son costume trois-pièces noir d'un autre siècle en retirant sa pipe fumante de la bouche.
Leur curiosité en éveil, les défunts cherchent partout et ils trouvent le petit Hermand qui les regarde en serrant son doudou sur son cœur.
- Bonjour petit ! dit l'oncle Tristan d'un ton joyeux. Oh, mais comme tu as un joli nounours. Comment s'appelle-t'il ?
- Ursule, il s'appelle Ursule. répond le petit garçon.
- Mais c'est un joli nom que voilà ! Allez, viens manger un morceau avec nous.
Nullement effrayé, le petit obéit et il se retrouve bientôt en bout de table à chuchoter à ses ancêtres bien des choses tout en mangeant à belles dents la nourriture préparée pour ses voisins de table.
  Le repas terminé, alors qu'ils entendent les vivants aller se coucher, les trépassés décrètent qu'il est temps pour eux de rentrer dans leur monde. Ils embrassent les uns après les autres le petit Hermand en lui disant que voir les esprits le soir d'halloween confère le don de voir et parler aux esprits et qu'il ne doit pas s'en effrayer. Et de toutes manières, il est né le jour d'halloween et rien que cette naissance en ce jour particulier lui confère ces capacités.
- A l'année prochaine ! disent les trépassés en agitant la main.
Hermand agite son nounours en guise d'au revoir avant de monter sans un bruit sous son édredon.
  Depuis cette nuit, le petit Hermand a pris l'habitude de descendre sans bruit dans la cuisine les soirs d'Halloween et de s'attabler avec les défunts lorsque toute la maisonnée dort. Il voit des choses invisibles aux yeux des humains et il prend bien garde à ce que personne ne connaisse son don. Il n'a pas peur et il attend avec impatience ces retrouvailles annuelles avec ses ancêtres dans la cuisine embaumée par l'odeur des mets de Samhain. Il se délecte de leurs histoires et depuis qu'il sait écrire, il couche patiemment sur le papier leurs souvenirs pour qu'il reste toujours une trace d'eux parmi les vivants. Il fait également des croquis des défunts pour ne jamais oublier ces nuits particulières.

samedi 11 novembre 2017

Gaffe aux gaffes Le stagiaire

  Fantasio entre dans le bureau où le courrier du jour trône sur le bureau encombré de son subordonné. L'instable montagne d'enveloppes cache à demi le bureau et il s'étale en une élégante vague jusqu'au milieu de la pièce.
- Gaston ! Où êtes-vous donc ? s'inquiète Fantasio.
Un bruit se fait entendre et la masse de courrier se soulève.
- Haaa ! hurle le rédacteur en chef en faisant un bond en arrière.
Du tas de lettres, un Gaston endormi a surgi sans crier gare. Il baille avant de parler :
- M'enfin, tu m'as fait peur à la fin ! Je faisais une petite sieste pour me mettre en train. Tu sais qu'au Japon, la sieste au travail améliore les performances des salariés, de multiples études l'ont prouvé.
La main sur son cœur affolé, Fantasio tente de se remettre de ses émotions.
- Gaston, vous m'avez fait peur ! Quelle idée d'aller vous cacher là-dedans... Et je me demande bien pourquoi. Je ne veux rien savoir ! Bon, je vous confie un stagiaire, il arrive dans dix minutes. dit-il en regardant sa montre. Il va vous aider à trier le courrier en retard dans un premier temps ensuite nous verrons quelle tâche pourra vous être confiée. Il reste parmi nous durant une semaine, je veux que le courrier soit classé d'ici la fin de son stage. Et je veux que vous y mettiez du nerf ! A tout à l'heure ! Et pas de sieste, je vous ai à l'oeil, attention Gaston !
- Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper, moi, de ton stagiaire. Mais prends plutôt soin de toi, tu es tout pâle. Tu dois couver quelque chose.
La porte du bureau se referme sur Fantasio qui a préféré ne pas répondre à Gaston. Resté seul, le préposé au courrier, se gratte la tête, perplexe.
- Un stagiaire ? Mais pour quoi faire ? demande Gaston les poings sur les hanches. Pff, Fantasio avec ses idées parfois... Je n'ai besoin de personne, je me débrouille parfaitement sans l'aide de qui que ce soit. Et j'ai beaucoup de travail, moi !
Il allume une cigarette et il se met à la fenêtre en attendant l'arrivée de son fameux stagiaire. Quelques minutes plus tard, un adolescent entre dans la pièce.
- Bonjour. C'est vous, Gaston ?
Les mains dans les poches, l'individu toise l'employé au courrier qui lui sourit.
- Bonjour, oui, c'est donc toi mon stagiaire ?
- Evidemment ! glousse l'adolescent aux courts cheveux noirs en bataille en rajustant le col de sa chemise blanche impeccable puis en lissant son costume gris anthracite.
- Tu fais quoi comme travail ? s'enquiert le garçon.
- Je suis l'employé au courrier.
- Passionnant ! Je suis déjà au courant. Mais sinon, tu fais quoi comme tâches ?
- Je m'occupe du courrier qui arrive à la rédaction.
- Et c'est tout ? Genre tu n'envoies pas de courrier ou de colis. On ne te confie pas de plis ultra-importants à poster en urgence ?
- Pfff... Non mais je n'ai pas le temps pour ça. dit Gaston en allumant une cigarette. Je trie le courrier qui arrive, notre secrétaire s'occupe d'envoyer les courriers ou les personnes postent eux-même leurs lettres. Il ne faut pas exagérer, je ne travaille que quarante heures par semaine, moi ! Bon, nous allons devoir nous mettre au travail.
- Comme c'est passionnant et ensuite, qu'est-ce que je vais devoir faire ? demande le stagiaire d'un ton plein d'ironie. Parce que tu ne fais pas que du classement, j'espère ? Nous allons vite nous ennuyer. Et trier le courrier de la semaine ne doit pas prendre autant de temps...
- On ne s'ennuie jamais ici. Tu verras, c'est animé.
L'adolescent hausse les épaules et il regarde autour de lui.
- Mais, mais, c'est ça, le courrier en retard ? dit-il en pointant du doigt la montagne d'enveloppes qui envahit les trois quart de la pièce.
- Oui, Fantasio a dit que tout doit être trié d'ici la fin de ton stage.
Le jeune garçon pâlit légèrement avant de se reprendre et de demander à Gaston comment traiter le courrier. L'employé de bureau le lui explique et le stagiaire se met au travail. Pendant ce temps, Gaston se remet au travail ; ses outils à la main, il bricole un nouveau moteur surpuissant qui fonctionne à l'huile de foie de morue. Absorbé par sa tâche, il oublie rapidement son stagiaire qui se met au travail en silence.
Un cri déchire le silence et fait sursauter Gaston.
- Aïe, elle m'a mordu !
 Le stagiaire inspecte la pièce d'un regard noir.
- Mais non, ce n'est que Cheese ma souris qui a pris peur. tente de le rassurer Gaston. Elle ne te connaît pas, c'est normal. Elle voulait juste faire connaissance avec toi.
- Une souris qui vit dans le tas de courrier ? s'étonne le stagiaire. C'est normal pour vous ?
- Oui, pourquoi ? Elle y est au chaud et personne ne risque de l'écraser.
Perplexe, le stagiaire reprend sa tâche sans rien dire. De temps en temps, il jette des coups d'oeil à son maître de stage qui travaille sur tout autre chose qu'un travail de bureau. Un peu inquiet, il soulève les paquets de courrier avec précaution avant de les trier.

  Durant la pause déjeuner, Prunelle et Lebrac s'intéressent au stagiaire de Gaston. Il leur apprend qu'il est au lycée et que ce stage de découverte du monde professionnel est pour lui une opportunité de découvrir le monde du travail avant d'entrer en école de commerce. Son oncle travaille dans l'édition et est un modèle de réussite à ses yeux dont il a bien l'intention de suivre les traces. Puis l'étudiant refuse d'en dire plus et il replonge son nez dans sa soupe.
Chaque jour, Anatole trie le courrier pendant que son maître de stage vaque à ses occupations favorites qui consistent à bricoler des engins ou des mixtures qui n'ont rien de professionnel dans son bureau. A maintes reprises, le stagiaire manque de vomir sur le courrier et il doit se précipiter pour ouvrir la fenêtre, écoeuré par les odeurs nauséabondes qui se dégagent des éprouvettes de son maître de stage. Sous le feu roulant de ses questions, Gaston tente de lui expliquer ce qu'il fait mais devant le manque d'intérêt teinté de mépris de son subordonné, il renonce. En aparté, il se désole en caressant son chat :
- Ces jeunes ne s'intéressent plus à rien, décidemment. Pas comme toi, hein, mon chat ? Alors, cette soupe de potiron au vinaigre balsamique te plaît ?
Au bout de la semaine, excédé, l'adolescent prend Gaston entre quatre yeux.
- Je suis le neveu de monsieur Dupuis et croyez-moi quand il saura comment vous travaillez, vous pouvez dire adieu à votre poste. Il ne m'a fallu qu'une semaine de travail acharné pour classer le courrier en retard ! Courrier qui si j'en crois vos collègues à qui j'ai pris soin de poser la question,  est en retard depuis des années ! Enfin, depuis votre arrivée en ces lieux de désordre et de désolation. J'ai été jusqu'à faire des heures supplémentaires pour vous prouver que c'est possible et vous voyez, j'ai réussi.

  Enervé, le stagiaire quitte la pièce à reculons sans quitter des yeux Gaston qui ouvrait une boîte de sardines à l'huile. Absorbé par Cheese la souris qui apprend à nager dans le bocal de Bubulle son poisson rouge, Gaston  n'a écouté que d'une oreille le discours de son bras droit du moment.
- Atten...
- Je n'attendrais pas pour lui faire part de mes observations ! Certainement pas ! Je vais d'ailleurs aller lui téléphoner de ce pas. hurle Anatole en faisant un pas en arrière.
Il bute contre l'armoire, la boule de bowling de Gaston lui tombe sur la tête et il s'effondre, assommé.
- Mais ce n'est pas vrai ! A la fin, je l'ai prévenu de faire attention !
Gaston va chercher de l'eau pour ranimer le jeune garçon qui reprend connaissance. Par chance, il n'a qu'une bosse sur la tête et il ne semble pas avoir le crâne fracturé par son accident.
- Bonjour, je suis le nouveau stagiaire.
- Mais ton stage est terminé, tu sais, je suis Gaston, ton maître de stage.
- Bonjour, Gaston, mon maître de stage. Alors, comment s'est passé mon stage ?
- Mais très bien, tu as mené à bien les tâches qui t'ont été confiées comme classer le courrier et répondre aux courriers des lecteurs. 
- Et j'ai aimé mon stage ?
- Je crois bien, oui, tu m'as posé des tas de questions pour savoir comment je m'y prenais et tu as bien rattrapé le retard.
- Parfait, mon oncle Dupuis sera ravi de l'apprendre. Au revoir et à bientôt ! Je lui ferai des éloges à votre sujet.
- Au revoir ! lui répond Gaston en agitant la main.
Son chat dans les bras, satisfait, Gaston lui dit combien il est fier d'avoir montré à un jeune combien le travail bien fait est important.

Bien évidemment, les personnages et l'univers ne m'appartiennent pas.

dimanche 5 novembre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain La nuit du casse-noisettes

  Autour du feu de camp qui brûle dans l'ancienne grange désaffectée, le groupe d'adolescents s'amuse à se raconter des histoires en cette nuit du casse-noisette ou de la pomme croquante. Conformément à la tradition, ils ont ramené des pommes, des noix et des noisettes à déguster au coin du feu en cette dernière nuit d'octobre. Les pommes finissent rapidement au bout d'un bâton à cuire à la flamme. Les premiers fruits à la peau craquante et dégoulinante d'un jus chaud qui coule sur les mentons juvéniles et poisse les doigts malhabiles qui se brûlent sur les fruits cuits qui finissent rapidement dans l'estomac des adolescents. Ils rient à l'évocation de leurs parents qui les croient tous chez l'un d'entre eux sous prétexte de préparer un exposé sur la chasse aux sorcières dans l'Europe médiévale. Mais les géniteurs sont bien vite oubliés grâce au concours bienvenu d'une bouteille de soda à la citrouille qui fait le tour du petit groupe.
  Repus, les jeunes garçons, enroulés dans de chaudes couvertures, commencent à se raconter des histoires pour se faire peur en croquant des noisettes. La nuit tombe et le vent commence à faire gémir le vieux bois centenaire tandis que la lune passe par les interstices entre les planches disjointes. Inquiets, les garçons sans oser se l'avouer, écoutent les bruits nocturnes, attentifs. Mais tout est silencieux et un éclat de rire déchire la nuit. Ils se raidissent mais peut-être n'est-ce que le feu qui crépite qui a voulu se jouer d'eux. Soulagés, ils remettent des pommes à dorer à la flamme.
- Qui commence ? demande un garçon aux longs cheveux roux qui tombent en rideau sur ses épaules. Qui a une histoire effrayante à nous raconter ? 
- Moi ! Vous savez qu'on dit qu'un trésor est enterré sous cette grange ?
Tous regardent le petit blond en polo rayé qui vient de prendre la parole.
- Par qui ?
- Par le vieux Tommy qui a emporté son trésor dans la tombe. On prétend qu'il s'est enrichi à force de privations et que pour empêcher que les impôts ne lui volent le fruit de son travail, il dormait littéralement sur un trésor : son matelas était un matelas de billets. Dans son testament, il a demandé à être enterré avec mais ses héritiers, intrigués, ont déchiré son coffre-fort de tissu et n'ont pas respecté ses dernières volontés. On prétend néanmoins qu'il reviendra un jour de l'au-delà pour se venger et que ce vieux filou a plus d'un tour dans son sac. Il aurait réussi à enterrer une partie de son trésor afin d'être sûr de le garder pour lui seul dans l'au-delà. On prétend qu'il estimait que ses fainéants d'héritiers qui l'ignoraient de son vivant ne méritaient pas son pactole.
  Une idée germe dans les jeunes esprits et quelques minutes plus tard, les jeunes gens commencent à creuser la terre froide à main nue. Peu à peu, un trou commence à grignoter la petite cabane branlante qui se remplit de terre, de terre, encore et encore. La terre envahit l'espace et l'odeur d'humus commence à donner la nausée aux membres du groupe. Le petit blond commence à avoir envie de vomir mais il parvient à se contenir.
- On a fini ? gémit-il, le cœur au bord des lèvres.
- Oui, je crois bien. répond le plus grand d'entre eux.
En effet, quelques minutes plus tard, il bute sur une surface dure qui rend un son creux. Les garçons  se penchent sur le trou et ils tentent de deviner sur quel objet ils viennent de tomber à la lumière blafarde de la lune qui vient de se dévoiler.
- Personne n'a pensé à prendre une lampe de poche, par hasard. 
Seul le silence lui répond. Il inspire avant de continuer son examen accroupi au bourd du trou.
- C'est du bois. On dirait une planche.
- Il y a une croix, c'est un cercueil. l'interromp le garçon aux cheveux roux.
- Que contient-il ? s'interroge le garçon blond en fracassant le bois d'un coup de pied.
Le bois pourri par l'âge et l'humidité craque sous le coup et l'adolescent manque de tomber dans le trou.
- Moi ! Malheur à vous qui m'avez libéré. Ainsi qu'à mes descendants qui ont bâti leur fortune sur la mienne, ma vengeance les frappera.
La forme noire se dresse devant eux, enroulée dans une cape noire. Apeurés, les adolescents sont tétanisés et incapables de bouger. Mais déjà, l'ombre est sur eux et les dévore. La légende disait vrai. Dans un rire qui emplit la nuit, l'ombre se met en quête de ses descendants pour assouvir sa vengeance longuement mûrie dans l'au-delà.

vendredi 3 novembre 2017

Vie du blog Un peu de repos

Je manque de temps pour mes projets longs. Si j'ai longtemps écrit de la poésie, je m'essaie à la nouvelle et aux récits plus longs. Je n'ai plus le temps de publier au quotidien; cela m'a aidée au début mais aujourd'hui, je préfère me concentrer sur mes autres projets d'écriture et mes autres projets tout court. Les publications se feront au fil de ma production de récits plus ou moins longs.

Gaffe aux gaffes Lettres de concours

 Gaston lit Le journal de Spirou dans son bureau profitant d'une réunion à laquelle il n'a pas été convié. Confortablement installé dans son fauteuil, les pieds sur la table, il se délecte des bandes dessinées et des jeux proposés par le magazine. Les locaux sont presque déserts et Gaston a tout le loisir de lire pour « se reposer d'avoir bien travaillé » selon ses dires. En effet, il a passé la matinée à tenter de mettre de l'ordre dans son bureau. En son for intérieur, Gaston ne cesse de se répéter que son travail donne d'excellents résultats et qu'il est fier d'apporter sa contribution au journal. Au détour d'une page, le préposé au courrier tombe sur une annonce pour un concours organisé par le magazine pour lequel il travaille depuis plusieurs années. Le principe est simple : les participants qui s'inscrivent doivent se rendre dans les locaux pour remplir un défi qu'ils tirent au sort. Sûr de lui, le jeune garçon ne prend pas le temps de lire l'intégralité de l'annonce car il ne veut pas être en retard pour sa pause déjeuner. Gaston note soigneusement la date dans son calepin avant de donner son bulletin de participation à la secrétaire, Mademoiselle Kiglouss qui glousse de rire en recevant le bulletin. Mais ventre affamé n'a pas d'oreille et son collègue n'entend pas le rire sarcastique de la secrétaire, il est déjà en retard pour manger avec Jules-de-chez-Smith-en-face. Assis en terrasse, dans un café, ils déjeunent en parlant du nouveau système de communication qu'ils envisagent de mettre en place entre leurs deux bureaux. Puis ils parlent du concours durant une heure et demie jusqu'à ce que Gaston décrète que sa pause déjeuner est terminée depuis une demi-heure et qu'il va se mettre en retard dans son travail. Les mains dans les poches, il rentre d'un pas traînant dans les locaux de la rédaction où les employés sont déjà à leur poste pour boucler le prochain numéro. Fatigué par toute cette agitation, Gaston s'enferme dans son bureau pour être un peu au calme et s'atteler à trier le courrier du jour. Il ouvre deux enveloppes avant de s'endormir la tête sous les enveloppes du jour qui masquent ses ronflements. Le soir venu, l'employé au courrier se réveille, il ouvre les yeux et il range soigneusement le courrier du jour dans la montagne de papier qui engloutit la moitié de son bureau et menace de s'écrouler. Toutefois, il prend le temps de lire les deux courriers qu'il a ouvert, de les tamponner et de les classer avant de prendre son manteau pour affronter le froid de l'extérieur.
  Le jour dit, il se présente à l'accueil avec les autres participants. Caché par la foule, il ne voit pas Prunelle le chercher partout. Pour l'occasion, il a revêtu le nouveau pull vert tricoté par sa tante Hortense pour son anniversaire.
- Où est donc Gaston ? Apparemment, il n'est pas dans les parages, tant mieux, une de ses inventions ne va pas nous exploser à la figure durant le concours. J'enferme la mouette, le chat, la souris et le poisson dans son bureau et le ciel peut bien me tomber sur la tête s'il arrive quelque chose aujourd'hui.

Quelques minutes plus tard, le rédacteur en chef rejoint l'accueil où les participants patientent ; il se frotte les mains de joie, le concours est un succès.
- Bonjour à tous, nous avons organisé ce concours pour récompenser le plus innovant d'entre vous. Veuillez me suivre s'il vous plaît.
Après quelques minutes de marche dans le dédale des couloirs, l'homme ouvre une porte qui donne sur une salle emplie de papiers.
- Bien, dans cette salle, le courrier en retard est entreposé. Celui d'entre vous qui inventera la meilleure solution pour classer le courrier en retard, signera un contrat de travail en cdi pour remplir ces fonctions. Vous avez jusqu'à ce soir ! Le matériel est à votre disposition ainsi que de quoi vous sustenter. Les toilettes sont juste en face. Je repasserai ce soir et le journal se charge de prendre en charge le déjeuner.
Prunelle conduit le groupe jusqu'à une immense salle où du matériel de tout type se trouve éparpillé un peu partout puis il laisse les participants s'atteler à la tâche après avoir fait apporter du café, des sandwichs et des brioches pour apaiser l'estomac des concurrents. Toute la journée, les participants désertent les lieux au fil des explosions et des nuages nauséabonds qui envahissent la pièce (qui ne comporte aucune fenêtre). Les plateaux chargés de nourriture se vident au fur et à mesure que le temps passe car de nombreux participants se sentent mal. Seul un jeune homme en pull vert travaille en sifflotant sans paraître incommodé par ces émanations qu'il a crées. Durant ses fréquentes pauses-déjeuner, il améliore les sandwichs au moyen de diverses sauces qu'il a ramené de son bureau. Le sandwich jambon-beurre-fromage-thon-confiture de fraise ne remporte guère de succès parmi ses adversaires. Le soir venu, son invention est fin prête et c'est entouré d'une foule de journaliste que Prunelle remet à Gaston le prix promis : un contrat de travail à durée indéterminée. En effet, il est le seul concurrent restant en lice et il a inventé une machine à dissoudre la colle qui scelle les enveloppes en utilisant de la vapeur d'eau ce qui libère le courrier de sa prison de papier. L'employé au courrier n'a plus qu'à lire et trier les missives. Il ne perd ainsi plus de temps à ouvrir les enveloppes parfois récalcitrantes ou à chercher son coupe-papier dans tout le bureau voire dans le tas de courrier en attente de tri. Et il ne risque plus de se couper les doigts sur le papier ou avec son coupe-papier ce qui réduit les accidents du travail.

  Interviewé par un journaliste, Prunelle ne peut que louer l'inventivité de « Monsieur Gaston Lagaffe employé au courrier modèle qui passe ses journées à créer des inventions de toutes sortes qui égaient la rédaction. », « sa bonne humeur et son implication au service de ses inventions démontrent son enthousiasme dans la réalisation des buts qu'il s'est fixé ». Devant les journalistes, Gaston signe son deuxième contrat à durée indéterminé sous le crépitements des flashs et les applaudissements des journalistes. A ses côtés, Prunelle pleure à chaudes larmes, sa tentative pour remplacer Gaston a échoué.


Les personnages et l'univers sont empruntés à Franquin bien évidemment.

vendredi 27 octobre 2017

Contes d'halloween et de samhain Barm brack

La femme chantonne dans sa cuisine, la vieille mélodie envahit le silence de la pièce froide. Elle pétrit la pâte avec lenteur et amour durant de longues minutes alors que le jour décline. Avec recueillement, elle prend la coupelle et elle observe quelques instants les objets à sa disposition. Sous ses doigts, les gâteaux prennent forme et dans chacun, la jeune femme aux longues tresses rousses glisse un présent.
  Peu après, les gâteaux cuisent au four et Mazoe chantonne en surveillant leur cuisson. Sur un petit papier, elle a noté leur disposition pour ne pas les mélanger le moment venu.  Le soir tombe et la sorcière s'enveloppe dans sa cape pour braver le froid avant de sortir, son panier à la main.
  La femme va frapper à une porte voisine et elle tend un de ses gâteaux sous le prétexte de remercier sa voisine pour un service rendu il y a quelques jours. Elle omet de dire qu'elle a demandé exprès ce service ainsi rétribué. De maison en maison, la pâtissière d'un jour distribue ses gâteaux et une fois rentrée, elle caresse son chat resté au chaud auprès du feu de cheminée.
- Mission accomplie ! murmure-t'elle pour elle-même avant de se lover dans son fauteuil.
  Les jours suivants, la sorcière attend de voir si son sortilège a fonctionné ou non. Dans les mois qui suivent, elle apprend le mariage de la belle Jenny qui a dû trouver un petit anneau dans son gâteau et qu'Aveline qui a trouvé un morceau de bois avait eu une année sentimentale difficile, mais il était bien connu de tous qu'elle avait volé le fiancé de la belle Jenny deux ans auparavant. Mazoe estimait que ce n'était que justice. Joe quant à lui avait trouvé un pois en mangeant son gâteau et il ne se marierait pas dans l'année comme tout le monde le pensait car sa nouvelle dulcinée avait soudainement préféré attendre qu'ils se connaissent mieux pour convoler en justes noces. La pauvre mère Mary qui trimait depuis des années pour élever sa nombreuse marmaille avait trouvé un penny et un emploi bien payé, amplement mérité par cette veuve peu fortunée. Enfin, James  le vieux avait trouvé une pièce dans le gâteau qui reposait sur sa fenêtre et la chance avait sonné à sa porte après des années à enchaîner les difficultés.
  Un an plus tard, alors qu'elle pétrit la pâte de ses barmbrack en chantonnant une vieille mélodie oubliée, Mazoe se demande à quels voisins elle va distribuer ses présents cette année.

jeudi 26 octobre 2017

Le livre des ombres d'Elana Cartes du futur

  Assise en tailleur sur son lit, la jeune sorcière relit ses notes. Les cartes dans la main, elle se concentre sur ce qui la préoccupe avant d'ouvrir son paquet en éventail. Une fois son tirage fait, Elana lit et relit le livret consacré à la signification des cartes.
- Je ne comprends rien ! murmure-t'elle en jetant le livre à terre.
Le cahier où elle a pris des notes sur les cartes qu'elle vient de tirer sous les yeux, elle cherche à décrypter leur signification. Perplexe, la jeune sorcière ne parvient pas à leur trouver une cohérence et elle finit par ranger le tout  à l'abri des regards. Un peu plus tard, Elana se dit que le tarot celtique n'était peut-être pas la meilleure option pour démêler les impressions diffuses qui l'oppressent depuis plusieurs jours. Allongée sur son lit, elle soupire en cherchant la meilleure manière de démêler les fils de ses sensations. Elle ramasse ses longs cheveux roux en un chignon informe et elle réfléchit à la meilleure manière de s'y prendre.
  Prise d'une inspiration, Elana se lève pour farfouiller dans son sac de cours à la recherche de ses runes. Les lourdes pierres gravées pèsent dans sa main et elle sent leur rondeur à travers le tissu. Avec application, la sorcière effectue une deuxième tirage qu'elle consigne dans son cahier puis elle compare les deux tirages. Tout s'éclaire alors et elle comprend que le premier tirage lui donnait des indices et qu'elle n'a pas su pousser la réflexions assez loin pour le décrypter. Même si elle n'est pas sûre de pouvoir se fier à ses tirages, elle se dit que ce résultat peut toujours la mener à voir la situation sous un angle différent. Et l'avenir lui dira si son intuition a été juste ou non.
  Soudain, on toque à la porte :
- Elana, tu es là ?
La jeune sorcière se raidit et elle rabat prestement sa couverture sur ses objets magiques au moment où sa mère ouvre la porte de sa chambre.
- Maman, je t'ai déjà dit de ne pas ouvrir la porte sans mon autorisation ! s'indigne l'adolescente.
- Pardon ma chérie, mais je t'ai déjà appellée deux fois. Nous allons passer à table et nous t'attendons.
- J'arrive dans cinq minutes.

  Sa mère enfin sortie, Elana cache son matériel et elle se dépêche de rejoindre la salle à manger. Un peu plus tard, sa part de quiche aux légumes à la main, l'adolescente se demande ce que sa mère aurait pensé en la voyant ainsi avec ses cartes et ses runes étalées sur son lit. Elle pense à sa grand-mère dont personne n'ignorait la nature et les dons. Mais elle aime l'idée de garder son secret, elle n'est pas prête à dire la vérité à sa mère, elle apprécie les virées nocturnes à la cuisine pour chercher les ingrédients nécessaires à ses charmes, les séances de divination au cœur de la nuit enveloppées du voile du secret. Et elle n'est pas certaine de la réaction de son entourage si on apprend la vérité sur ses activités ésotériques. La jeune fille se demande combien de temps elle pourra garder le secret. Souvent l'envie de parler à quelqu'un de ses questionnements et de ses découvertes l'assaille mais elle se choisit de taire car elle ne voit pas qui dans son entourage serait assez ouvert pour ne pas la prendre pour une folle ou une illuminée. 

mercredi 25 octobre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain La nuit hors du temps


- C'est pour cette nuit !
L'homme relève la tête et il tourne la tête vers sa compagne qui file près du feu.
- Je le sais, je le sais. Et cette idée me fait peur, tu le sais.
- Oui mais nous devons nous montrer courageux. reprend l'homme.
- Je le sais, je le sais.

  Peu avant minuit, le couple sort dans leur minuscule jardin. La lune éclaire d'un mince filet de lumière, ténu comme la flamme d'une bougie menacée par le vent, le couple mal assorti qui la regarde. Une mince femme voûtée aux cheveux grisonnants et bouclés, le visage barré de rides profondes qui semblent en casser la peau épaisse se tient près d'un 'homme gras aux membres épais dont la flamboyante crinière d'un argent aussi pur que l'argent du disque lunaire semble illuminer la nuit. Ils frissonnent dans leurs habits élimés mais ils ne ressentent pas le froid, excités par l'attente. Côte à côte, ils patientent main dans la main jusqu'à ce le clocher daigne se réveiller dans la nuit glacée. Attentifs, ils écoutent les bruits de la nuit mais rien ne vient. Ils entendent les animaux fureter autour d'eux et des insectes bourdonner mais ces bruits de la vie nocturne ne les touchent pas. Enfin, le son cristallin parvient à leurs oreilles et ils s'étreignent sous la lune lorsque sonne le deuxième coup au clocher du village.
- Ma sœur, il est temps que notre œuvre s'accomplisse !
- Mon frère, nous allons réussir cette fois-ci ! Nous avons appris de notre échec de l'an dernier.
Au troisième coup, l'homme lève sa fiole vers le ciel et vite, il en verse la moitié dans un gobelet qu'il tend à sa compagne.
Au quatrième coup, ils lèvent leurs récipients sous la lune et ils boivent quand sonne le cinquième coup de minuit. Au sixième coup, leurs corps gisent dans l'herbe blanchie de glace, marionnettes désarticulées que le froid commence déjà à raidir. Ils expirent une dernière fois et leur les fuit vie tandis que retentit le septième coup. Le huitième coup marque le détachement de leurs âmes qui quittent leur enveloppe charnelle pour s'élever dans l'air nocturne. Au neuvième coup, elles passent le voile entre les mondes où une foule les accueille et les entraîne dans une danse endiablée pleine de rires et de chuchotements. Obéissants aux instructions données alors qu'elles occupaient leur enveloppe charnelle, les âmes quittent la folle farandole au onzième coup, elles repassent le voile entre les mondes pour rejoindre leur corps de chair. Au douzième coup, elles regagnent le corps qu'elles viennent d'abandonner mais deux âmes errantes les ont devancées. Elles remarquent avec effroi que de leur vivant, elles ont oublié les mesures de protection élémentaires.

  Alors que commence l'année nouvelle, le frère et la sœur se relèvent comme d'un lourd sommeil et ils se regardent longuement avec un sourire triste, ils ont réussi leur grand projet. Depuis des années qu'ils cherchent à atteindre le but qu'ils se sont fixés, ils ont réussi en cette nuit où le voile entre les mondes est le plus fin, cette nuit hors du temps ni dans l'année écoulée ni dans la suivante. Main dans la main, le couple s'embrasse avec passion sous la lune et ils se murmurent :
- Nous avons réussi, rien ne nous séparera jamais dans cette vie.
Autour d'eux, deux âmes tristes voient leur corps se mettre en mouvement vers une destination inconnue. Alors que l'aube se lève, ils gagnent le monde des ombres.

mardi 24 octobre 2017

Fuite aquatique


L'eau liquide coule
Et s'écoule, libre serpent
Qui dévale et dévore la roche
Dans un bruit chantant.

lundi 23 octobre 2017

Gaffe aux gaffes Gaufre gaffeuse

  Seul dans son bureau, Gaston mélange des produits nauséabonds tous plus colorés les uns que les autres dont le fumet malodorant commence à passer sous la porte en paresseuses volutes d'une couleur indéfinie qui s'élèvent dans l'air. Autour de lui, papiers, crayons et autres fournitures administratives s'entassent sur le bureau encombré ; une gaufre oubliée attend depuis la veille de rejoindre l'estomac de son légitime propriétaire qui farfouille de sa main libre dans un carton avec frénésie.
- M'enfin, j'étais pourtant sûr de l'avoir mis ici !
Le préposé au courrier, un tube à essai à la main, inspecte son bureau du regard ; le meuble croule sous les papiers mais il n'en a cure et enfin, Gaston Lagaffe jette son dévolu sur une petite fiole empli d'un liquide rose vif qu'il s'apprête à verser dans le tube à essai.
- Attention, ça va détonner. avertit-il son chat qui l'observe d'un air intéressé.
  Les deux liquides entrent en contact et les secondes passent.
- Tiens, j'avais oublié ma gaufre. remarque le jeune garçon en la voyant près de lui en train de refroidir dans son papier blanc.Je vais aller me chercher un café, ça va me donner du nerf !
Gaston manque de glisser sur un crayon tombé  à terre et il se rattrape, faisant valser le tube à essai qui inonde le bureau. Il croise Fantasio dans le couloir qui le regarde s'éloigner, perplexe, en marmonnant que le café ne suffira pas et qu'il faudrait de la caféine en perfusion pour donner du tonus à Gaston. Il soupire en constatant l'état du bureau de son collègue.
- Mince alors, mon mélange ne fume pas, je ne comprends pas, j'étais si sûr de moi ! Adieu mon super carburant... dit Gaston en reposant le tube à essai en équilibre précaire sur son bureau.
Les mains dans les poches, le préposé au courrier quitte la pièce encombrée d'un bric-à-brac indescriptible.

Il croise Fantasio dans le couloir qui le regarde s'éloigner, perplexe, en marmonnant que le café ne suffira pas et qu'il faudrait de la caféine en perfusion pour donner du tonus à Gaston. Il soupire en constatant l'état du bureau de son collègue.
- Non, mais il va me ranger tout ça et son café a intérêt à lui secouer les puces ! Le courrier en retard s'entasse sur son bureau depuis des semaines, il est temps que tout ceci disparaisse.
Après un tour d'inspection, Fantasio allume sa pipe mais il a beau chercher il ne trouve pas de cendrier.
- Oh et puis, mince, il sait très bien qu'il est interdit de manger dans les bureaux ! décrète-t'il en jetant son allumette mourante sur la gaufre avant de s'éclipser à grands pas car il vient d'entendre le bonjour sonore de monsieur de Maesmaker retentir dans le couloir.
  Le bureau disparaît dans une énorme détonation et lorsque Gaston revient, son café à la main, il ne peut que s'écrier :
- M'enfin qui a volé mon bureau ? Un meuble presque neuf en bon état ? Et le courrier en retard alors ? Moi qui avait justement pris un café pour me donner du nerf et en venir à bout! Et où est ma gaufre ?


Les personnages et l'univers sont empruntés à Franquin bien évidemment.

dimanche 22 octobre 2017

Dans de beaux draps


Enroulé dans sa couette, le jeune garçon écoute la pluie tomber sur les carreaux et s'y briser en éclaboussures liquides. Il regarde l'heure, midi vient de sonner mais il ne se lève toujours pas. Le froid l'attend l'attend hors de son douillet refuge de chaudes plumes et il ne se sent pas la force d'affronter la rudesse de ce jour d'hiver. Il observe la pièce et il redécouvre le papier peint jauni par le temps, les éclats sur sa vieille table de nuit et les taches sur la moquette. Il s'aventure à tendre la main pour prendre le livre d'aventure qui y trône mais bien vite sa main retrouve son nid chaud et moëlleux. Plongé dans sa lecture, il ne voit pas les heures passer et ce n'est que le soir qu'il lève les yeux de son ouvrage.

La pluie tombe toujours, le froid sévit tout autant. Aura-t'il la force de quitter son lit ?

samedi 21 octobre 2017

Contes d'Halloween et de Samhain Trick or treat


Dans la nuit froide comme la glace, le groupe toque à la porte dans un éclat de rire. Quelques instants plus tard, une vieille femme voûtée leur fait face, enroulée dans un châle brodé élimé.
- Bonjour les enfants, que me voulez-vous en cette heure tardive ?
Le vampire, la momie et le faune se regardent.
- Mince, c'est la vieille Croixdos... dit le faune avant de se reprendre. Bonjour, madame, un bonbon ou un sort ?
La vieille sourit de sa vieille bouche édentée couverte de verrue et elle s'approche du sac ouvert.
- Que me proposes-tu donc mon petit ? dit-elle d'une voix mielleuse.
- Madame, c'est Halloween. dit la momie venant au secours de son voisin.
- Et quelle est donc cette coutume ? Je reçois peu de visiteurs.
Le vampire s'enroule plus étroitement dans sa cape de satin noir car il frissonne de froid ou à cause d'un mauvais pressentiment, avant de s'avancer vers la vieille dame.
- Bonjour, madame. Selon la coutume, les enfants déguisés sonnent à votre porte en demandant un bonbon ou un sort. Si vous ne leur donnez pas de friandises, ils vous font une farce.
A ces mots, la vieille semble réfléchir et elle murmure pour elle-même sans doute.
- Quelle bonne fortune. sussure-t'elle à la lune, ronde et douce qui illumine la nuit de son parfait disque d'argent. Son visage ridé comme une vieille pomme levé vers le ciel observe quelques instants l'astre nocturne avant de revenir vers les enfants.
- Madame, vous allez bien ? s'enquiert le vampire.
- Oui, je reviens. Ne bougez pas.
- On devrait y aller ! chuchote le vampire.
- C'est trop tard, il ne serait pas poli de partir. lui répond la momie.
Une minute plus tard, la vieille Croixdos revient une baguette de bois de noisetier à la main. Elle trouve sur le pas de sa porte, un crapaud, une araignée velue, une chauve-souris qui ne sait comment s'envoler, trois sacs de bonbons, un costume de vampire, un amas de fausse fourrure et un tas de papier toilette. Elle se baisse après s'être assurée qu'il n'y a personne au-dehors et elle referme la porte son butin à la main.
- La récolte a été bonne cette année !

vendredi 20 octobre 2017

Contes d'halloween et de samhain Neepy candle

Cher journal,

  Toi, mon ami le plus proche et le plus intime ; à toi seul, je peux me confier sans retenue. Ils sont agités ce soir, je veux dire plus que d'habitude, et je crains vraiment pour ma vie. Comment pouvais-je savoir en achetant cette vieille maison dont le charme m'a ensorcelé ? Oui, je te l'affirme, mes intuitions étaient fondées, des esprits hantent cette maison. Mais comment pouvais-je le savoir en l'achetant ? Cette maison, je te l'ai déjà confié, m'a charmée dès que j'y suis entré par son âge vénérable, son bois vermoulu dont les sculpures à la peinture écaillée sont abîmées par endroit. Tu sais combien j'aime caresser ce bois qui semble comme verni par le passage du temps. Cette maison est vivante de jour comme de nuit mais je ne le voyais pas. Ils se sont tenus à peu près tranquilles jusqu'ici mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le voile entre les mondes s'amincit en cette nuit particulière et je crois que venues du néant, des forces obscures les agitent. Il me semble qu'à mon arrivée, il y a deux mois, les premières semaines, les esprits de ce lieu m'ont observés en se faisant discrets. A maintes reprises, je me suis senti observé et j'ai entendu du bruit notamment la nuit. Mais ces dernières semaines, ils se sont enhardis peu à peu. Des coups se sont fait entendre dans les murs, des objets sont tombés alors que je n'étais pas dans la pièce. Mais je me suis dit que je rêvais ou que les objets étaient en équilibre précaire avant leur chute.

  Les enfants d'ici ont l'habitude de créer et de transporter un navet gravé d'un visage diabolique éclairé de l'intérieur par une bougie. Ils l'évident longuement avant le grand soir. J'ai fait de même, je suis entouré de figures grimaçantes qui paraissent inspecter les alentours à travers les carreaux. Mais j'ai beaucoup de fenêtres comme tu le sais et mon stock de bougies n'est pas éternel, je dois seulement tenir jusqu'à l'aube. Tu me répondras que les esprits sont à l'intérieur mais ce soir, ils ont l'air d'être sortis, je ne les sens pas, je ne les entends pas. Je suis seul pour la première fois depuis mon arrivée en ce lieu. J'espère qu'ils ne sont pas partis en quête de renforts.

jeudi 19 octobre 2017

Mappemonde


Mes doigts parcourent la sphère
Et je rêve aux pays que mes doigts caressent.
Je me dis Un jour, j'irai là ! en montrant une tourbière
Et là ! en montrant le loch Ness.

Mais il est l'heure de faire mes devoirs
Et je m'attable
Tandis que mes pensées voguent au loin parmi l'ébène si noire
Et des forêts vierges véritables.

mercredi 18 octobre 2017

Challenge lecture 2017

J'ai plus de 1 500 ebooks en attente de lecture. Je vais mettre 30 ans à les lire à raison d'un livre hebdomadaire.
J'ai décidé de lire un livre par semaine en plus de la littérature en ligne.

Pour ne pas avoir de regret quand je serai bien vieille le soir à la chandelle.
L'idée, c'est d'utiliser les temps morts: dans le bus ou en l'attendant par exemple.
Prendre l'habitude de prendre mon livre avec moi
Je n'ai pas ce réflexe, je l'ai regretté maintes fois. Je me suis cousu une pochette à cet effet, d'autant plus que j'ai pas mal de livres électroniques et que ma liseuse ne prend pas trop de place.
Le noter dans mon bullet journal
J'ai fait une liste dans mon bullet journal.
Faire des articles sur mes coups de cœur ou un mini compte-rendu pour chaque livre lu

Livres lus (tant ebooks que livres papier)

1 Un bûcher sous la neige de Susan Fletcher
une pure merveille de poésie et d'humanité sur fond de sorcellerie et de bûcher au cœur des Highlands

2 Le vitriol de lune d'Henri Béraud
Prix Goncourt 1922
Certes, c'est un prix Goncourt et un livre ancien mais il se lit très facilement et sans s'en rendre compte. Je l'ai pris parce que le titre était poétique et j'ai bien fait.
Il parle d'une tentative d'assassinat contre le roi et surtout un garçon un peu rêveur fasciné par son oncle qui grandit dans son ombre.

3 Cartographie des nuages de David Mitchell
dont est tiré le film Cloud atlas. Un livre dense mais qui se lit bien. Je connais bien le film, ça aide grandement d'autant plus que chose rare, le film est très fidèle au livre, ce qui ne gâche rien. Par contre, c'est un bon pavé...

4 Cinq lions de cendres T1 de Jamreo
Une bonne lecture qui m'a plongée dans l'univers des souffleurs de verre et de Venise au XV ème siècle avec des intrigues qui s'épaississent au fil de la lecture, des descriptions qui nous plongent dans l'univers et des personnages tous plus attachants les uns que les autres.

5 Cinq lions de cendres T2 de Jamreo
La boucle se resserre un peu plus et se termine par des révélations. Une lecture toujours aussi plaisante.

6 La trilogie des gemmes T1 Rouge rubis de Kerstin Gier
J'ai vu le film il y a fort longtemps et je le retrouve bien dedans. Ce récit reste de la littérature pour adolescent, je trouve personnellement que l'héroïne manque un peu de caractère mais elle est jeune et c'est de son âge, j'ai envie de dire. Pour autant, rien de mièvre ou autre. Ce livre explore les voyages dans le temps d'une manière plutôt originale et à une époque contemporaine, ce thème s'ancre dans la vie quotidienne de l'héroïne avec des voyages parfois imprévus. J'ai bien retrouvé le film dans le livre, ce qui est plutôt un bon point.

7 No man's land T1 de Clyfia Shana
J'ai dévoré ce récit bien écrit et qui se lit très vite. Un célèbre hacker dans un monde qui rappelle le nôtre nous raconte sa vision des chose.

8 La trilogie des gemmes T2 Bleu saphir de Kerstin Gier
idem que pour le tome 1

9 Le manoir Delalande T1 de Clyfia Shana
Un inquiétant manoir perdu dans la lande, des créatures étranges et des personnages hauts en couleur.

10 La trilogie des gemmes T3 Vert émeraude de Kerstin Gier
Pour le coup, je suis un peu déçue, la fin est vraiment différente du film alors que tout le reste est relativement similaire. Une chouette lecture.

11 Les ombres de Paris T1 Les ombres de Jack de Diogène
une fort sympathique lecture qui s'est faite sans m'en rendre compte

Au coin de la rue


Je passe le coin d'une rue
Inconnue
Et je me retrouve dans un nouveau monde
A explorer et à pointer du doigt sur ma mappemonde.

Les couleurs nouvelles,
Les détails architecturaux
Tout m'appelle
Et je tente de percer l'ombre des carreaux.

Je m'imagine l'intérieur des maisons
Et la vie des habitants de cette rue.
J'imagine la vie parallèle des habitants, de ces voisins inconnus. Mais partons,
Une autre rue m'attend, une nouvelle aventure.

mardi 17 octobre 2017

Voyage de chocolat

Un carré de chocolat dans la bouche,
Il m'emporte au loin et je rêve.
Je rêve de l'Afrique et des animaux farouches ;
Et des cacaotiers qui exhalent leur sève.
J'imagine leurs senteurs piquantes
Sous le vent
Et leurs cabosses craquantes et luisantes.
Mais moi, je suis à Paris sous la grisaille et le béton.

Vite, il me reste du chocolat !

lundi 16 octobre 2017

Contes d'halloween et de samhain On m'appelle Jack O' Lantern

  Je m'appelle Jack et voici mon histoire mais ce n'est pas celle que l'on raconte. Un soir, alors que je me réchauffais dans une taverne, j'ai entendu une voix murmurer mon nom à mon oreille. De peur, je me suis levé précipitamment et j'ai écrasé le pied du Diable qui buvait sa bière accoudé au bar. Je l'ai immédiatement reconnu à la queue qui dépassait de la jambe de pantalon dans lequel il l'avait passée. L'esprit embrumé par la bière, je me suis excusé et il m'a alors fait une proposition. En échange de mon âme, il pouvait m'offrir tout ce dont je rêvais. Intrigué, j'ai accepté et c'est devant une nouvelle bière qu'il m'a fait sa proposition. La fatigue et l'alcool embrumaient mon esprit mais j'ai compris l'essentiel du marché qu'il me proposait : mon âme contre la faveur de mon choix. Stupidement, j'ai accepté en échange d'un ultime verre. Le diable s'est changé en pièce de six pence devant moi et soudain dégrisé, j'ai fait la seule chose à faire : j'ai pris la pièce et je l'ai enfermée dans ma bourse avec ma croix en argent, le seul bien qui me restait, la croix en argent reçue à mon baptême que je comptais monnayer sous peu. Prisonnier, le Diable ne pouvait plus quitter ma bourse et j'obtins qu'il ne réclame pas mon âme avant dix ans ce qu'il accepta. J'avais l'intention de racheter mes péchés durant cette décennie, voyez-vous. Mais je n'y parvins pas. C'est ainsi que dix ans plus tard, j'ai recroisé le Diable sur une route isolée, il voulait mon âme comme convenu. Or, je n'étais prêt à perdre la vie. Paniqué, je cherchais des yeux une église où me réfugier mais je ne vis rien mais je remarquais un pommier. Alors, j'ai demandé au Diable de cueillir une pomme à l'arbre. Grimpé sur mes épaules, il a commencé à farfouiller dans les hautes branches pour cueillir le fruit tandis que de mon couteau, je sculptais une croix sur le tronc de l'arbre. Je n'ai pas compris pourquoi Satan fut décontenancé, après tout, il était perché sur mes épaules, les mains dans les branches du pommier mais il n'était pas grimpé dans l'arbre. Je crois qu'il est un peu superstitieux. Ma ruse a réussi et il ne pouvait plus descendre. Il a donc fini par accepter de ne jamais prendre mon âme. J'ai ôté le morceau d'écorce marqué d'une croix et il est descendu de mes épaules.

  Le souci, c'est qu'à ma mort, saint Pierre m'a refusé l'entrée du paradis. Voyez-vous, je m'étais promis de cesser de boire et je n'ai pas tenu cette promesse. D'ailleurs, je suis mort de froid après avoir trop bu un soir d'hiver alors que la neige tombait. Je ne me suis pas réveillé avant que le froid engourdisse mon corps. Le diable a refusé de me laisser entrer en enfer en brandissant sa promesse comme argument valable. Je n'avais pas d'autre solution, alors je suis reparti. Mais je suis revenu vers le Diable avant qu'il ne ferme sa porte et je lui ai demandé un charbon ardent, je suis mort de froid, j'estimais avoir le droit de ne pas mourir de froid dans l'éternité à venir. Il a accepté contre la promesse de ne plus jamais traiter avec lui.

  Je dois errer entre les mondes jusqu'au jugement dernier pour gagner mon paradis. Il n'y a rien dans l'entre-monde, aucune couleur définissable, rien, ni arbre, ni pierre, ni objet, ni animal. Le néant. Dans sa miséricorde, Dieu m'a accordé le droit de retourner errer sur Terre le jour de ma mort. La première fois, j'étais si heureux de fouler un sol familier ! Mais le vent menaçait d'éteindre mon charbon ardent et je n'ai pas trouvé d'autre solution que de déterrer un navet dans le champ proche pour l'y mettre. J'ai eu du mal à le creuser, il était gelé mais j'y suis parvenu non sans peine. Pour éloigner les questions, j'y  ai sculpté un visage avec une pierre qui trainait pas là. J'avais honte de ma conduite, je préférais effrayer les gens qui me verraient que de répondre à leurs questions. Je suis heureux de voir qu'aujourd'hui encore, en ma mémoire, on évide des citrouilles et des navets. Cela me donne la force d'attendre une année de plus en attendant le jugement dernier où j'aurais suffisamment expié mes fautes pour gagner mon paradis.